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DANS LE VISEUR #01 Frenetik, MadeInParis & Fomo

DANS LE VISEUR #01 Frenetik, MadeInParis & Fomo

Après avoir lancé la série d’articles « FOCUS GROOVER » en lien avec notre ancienne playlist « Cul7ure x Groover », on a décidé d’évoluer. La volonté est très simple: Présenter les artistes que nous avons donc « dans le viseur ». De manière générale, ça englobe nos coups de cœur, nos découvertes et les artistes sur lesquels on mise. Cette nouvelle série d’articles est donc liée à cette nouvelle playlist du même nom dans laquelle un tas de jeunes artistes sont à retrouver, indépendamment de Groover (plateformes sur laquelle artistes, labels ou autres peuvent nous envoyer leurs morceaux afin de recevoir un feedback sur celui-ci).

Commençons donc avec 3 artistes issus de la playlist « DANS LE VISEUR » qui ont capté notre attention.


FRENETIK

La Belgique regorge de talents, ce n’est plus à prouver, mais parmi les artistes belges qui ont su se démarquer récemment Frenetik est certainement l’un des plus intéressants à suivre. Affilié à l’écurie Jeune Boss et au label Blue Sky (LMB, Heezy Lee ou plus récemment Nusky), il est arrivé avec un premier projet plus que solide cette année. Brouillon n’a de brouillon que le titre, cet EP qui fait office de premier jet officiel est plus que consistant. Après avoir balancé quelques singles, ce 6 titres sorti le 22 mai nous montre la jolie palette dont dispose l’artiste.

C’est avant tout avec sa voix grave qu’il saisit l’auditeur. Un flow qui sans être saccadé, scolaire ou pensé de façon mathématique a la capacité d’interpeller. On entre très rapidement dans son univers et cela passe notamment par sa voix et sa prestance au micro. Dans cet univers justement beaucoup d’éléments se mêlent. Sa force est certainement cette façon d’écrire qui lui confère un statut presque omniscient. Il se place dans la tête de son public et nos yeux deviennent les siens tant ce qu’il raconte est décrit avec une grande précision.

Prise de conscience est un virus,
et beaucoup sont forcé à porter des masques

Frenetik – Virus BX-19

C’est d’ailleurs un élément assez rare, nombreux sont les artistes sincères, qui ne maquillent pas ce qu’ils relatent, néanmoins Frenetik à ce quelque chose d’inexplicable qui rend tout rapidement plus compréhensible. Alors même que ce qu’il écrit dépend très souvent de son propre affect. L’universalité reste présente et aide forcément à cette identification et cette capacité à s’immiscer dans la tête de l’auditeur.

S’il est polyvalent, il est aussi bien capable de parler d’amour comme sur Quartier Rouge que de son vécu, et c’est ici qu’on entre dans la partie plus sombre et brute des propos qu’il amène en musique. Ce qui l’a marqué est l’élément important de ses textes, essentiellement en tant que personne issue du hood comme il en parle dans Grammes. Mais au-delà de ça, il est surtout au cœur des problématiques sociales. Qu’il s’agisse d’enjeux économiques mais aussi et surtout la condition des Noirs face aux violences policières et à la société en générale. C’est par ailleurs le propos d’un de ses plus gros morceaux, Virus BX-19 mais on retrouve ça tout au long de son projet, et même dans le dernier extrait envoyé, Infrarouge. Ce nouveau morceau justement, est paru dans un premier temps sur la chaîne Colors, preuve s’il en fallait une de l’ascension de Frenetik et de l’intérêt à porter à cet artiste.


MadeInParis

Autre nom sur lequel on a souhaité s’attarder ; MadeInParis. Vous avez certainement vu passer des extraits de ses clips YSL ou Cœur Brisé sur Twitter ces derniers mois. Avec cette voix aiguë et un flow pénétrant, il a su convaincre les auditeurs l’ayant entendu.

Fin janvier, il a sorti son projet Vide, un dix titres maîtrisé dans lequel l’ambiance est au cœur de la proposition artistique. Particulièrement doué avec sa voix, il parvient à faire passer la musicalité au premier plan sans pour autant négliger ce qu’il raconte en ne manquant pas de disséminer des phases plus personnelles au sein de ses morceau.

Qu’est-ce que je raconte, la dépression fait que je m’enfonce
Faut qu’je me défonce, devant la juge donne pas de réponse

MadeInParis – Downtown Freak

Avant même l’écoute du projet, j’étais tombé sur le morceau Quelques millions qui était particulièrement réussi et qui se différenciait de ses récentes sorties. Publié en 2017, ce morceau nous montre un MadeInParis qui délaisse sa voix aiguë ; rapidement devenue marque de fabrique de l’artiste, pour quelque chose de plus grave, sur une prod trap. C’est saisissant et le morceau surprend par cette différenciation. Cela nous amène alors à un gros coup de cœur de Vide ; le titre Mort. Il est probablement l’un de ses morceaux les plus marquants et ici il offre une également prestation qui se démarque grandement. Il reprend cette voix pour nous amener sur un terrain plus intimiste, plus personnel et rapidement plus parlant. Cette dualité, cette double proposition sur le timbre et la hauteur de sa voix lui permet même d’être en featuring avec lui-même en variant ces deux facettes.

Sans pour autant parler de rap « schizophrénique », on constate tout de même un MadeInParis plus doux, plus romantique, qui flirte avec des morceaux plus sensuels lorsqu’il joue avec sa voix et tente d’amener plus de musicalité. En face, un autre MadeInParis plus dans l’égotrip, face à lui-même également et donc plus intimiste. La large palette au niveau des prods choisies lui permet justement de jouer sur plusieurs tableaux et c’est précisément ce qui rend sa musique aussi précise et complète.

Globalement il y a tout de même une couleur en particulier qui ressort de ses morceaux ; un goût particulier pour le traitement de son rapport aux Femmes. On le constate aux thématiques abordées mais aussi au détour de ses derniers clips. Ce qui nous permet par ailleurs de souligner les efforts attribués aux visuels proposés, ce qui est loin de passer inaperçu. Des effets 3D dans Cœur Brisé à la pochette de Vide ; sobre et complètement cohérente avec le projet, très peu de place laissée aux détails.


FOMO

Pour FOMO, c’est plus compliqué. Précisons avant tout qu’il s’agit de l’acronyme de « Fear Of Missing Out » et qu’il ne s’agit pas d’un nouvel artiste. Enfin, si mais pas réellement. Avant d’embrasser ce pseudo, FOMO officiait sous un autre blaze ; Pesoa. Anciennement affilié au crew Eddie Hyde au sein duquel on peut retrouver 3010, Take A Mic ou encore KSA, il n’en fait visiblement plus partie et ce virage amorcé par ce changement de nom lui permet ainsi de renouveler sa musique.

J’ai le souvenir de quelques uns de ses morceaux comme Advena (à la fois le nom d’un de ses morceaux et d’une mixtape) qui proposait par ailleurs un clip en noir et blanc particulièrement soigné, ou encore le plus connu Regarde ma paire avec 3010. Jamais mauvais, ce retour lui permet néanmoins de proposer une musique bien plus mature et vraisemblablement encore plus travaillée. La promesse derrière ça est tenue.

J’ai changé pour la énième fois,
J’parle d’évolution pour la troisième fois

FOMO – 1965

Il revient donc avec deux morceaux, dans un premier temps 1965. Plus moderne ; forcément, mais aussi plus solide, Cell 3ème forme il maîtrise davantage sa proposition artistique. Il rappe, n’a rien perdu sur ce point mais semble plus assagi et bien loin des codes qu’il cherchait à s’approprier il y a 8 ans. Musicalement c’est aussi bien plus intéressant et les variations de flows entre couplets et refrain sont terriblement efficaces.

Avec le second single, Premier League, il s’inscrit dans la vague Drill devenue inévitable ces derniers temps. Ici tout ne repose pas sur la prod et il parvient à s’en saisir d’une jolie manière tout en y ajoutant ce qui fait cette nouvelle patte FOMO : une assurance certaine, de l’égotrip bien placé et une belle gestion des différents temps forts du titre.

FOMO est donc au même titre que MadeInParis et Frenetik l’un de ces artistes que nous avons dans le viseur et pour lesquels l’évolution s’annonce plus qu’intéressante. A voir avec les prochaines sorties donc. En attendant, on vous invite à aller les écouter, mais aussi à venir faire un tour sur notre playlist pour y faire d’autres découvertes.