Pour ou contre les premières écoutes ?
Chaque jour, on voit les types de contenu sur internet se multiplier. Parmi tous ces nouveaux formats, il en existe un en particulier : celui des premières écoutes, qui provoque de nombreuses controverses émanant autant du grand public que des professionnels de la musique. Alors, essayons de comprendre ensemble pourquoi les premières écoutes sont autant critiquées.
Pendant les premières écoutes, on peut voir une ou plusieurs personnes écouter pour la première fois une musique ou un projet. Suite à cette première écoute, le but est donc de partager ses premières impressions, à chaud, et d’ensuite donner son avis, encore une fois à chaud.
Avant de visionner une première écoute, il y a tout de même quelques « règles » à respecter, pour être sûr de garder sa propre opinion. Il faut déjà, je pense, être sûr qu’on est capable de pouvoir se faire notre propre avis sur le projet en question. Bien entendu, si on sait pertinemment qu’on sera influencés par cette première écoute, ne pas la regarder serait un choix judicieux. La musique est une expérience personnelle et propre à chacun. Si toutefois l’avis de l’autre peut être intéressant, il est nécessaire de prendre en compte cette dimension subjective de la musique. Puisqu’il s’agit de subjectivité ; ceux qui font des premières écoutes sont aussi sujets à celle-ci.
Alors effectivement, il ne s’agit généralement pas de professionnels. Ces youtubers le font davantage par passion, avec un fond parfois plus léger. En se divertissant devant des vidéos Youtube, on sait déjà de manière générale qu’on risque de tomber sur des personnes parlant de choses qu’elles ne maîtrisent pas totalement.. Et ça dans tous les domaines.
Cette remarque a d’ailleurs été faite à de nombreuses reprises à la chaîne Youtube d’Amin&Hugo, une des plus importantes en la matière. On leur reproche souvent de donner leur avis alors que ce ne sont pas des experts. Encore une fois, les réseaux sociaux ; comme Youtube ou d’autres ; sont un terrain de jeu pour ceux qui veulent donner leur avis, qu’il soit « bon » ou « mauvais » (et chacun en a le droit).
Si l’on désire avoir un avis professionnel, pourquoi ne pas directement se tourner vers les critiques des journalistes ? Qui relaient eux-mêmes chaque jour leurs articles sur les réseaux sociaux. Ce que l’on voit sur ces réseaux dépend aussi beaucoup de ce que l’on recherche.
Le jeudi 5 juin avait lieu une conférence sur la place de la critique musicale dans les médias Rap dans le cadre du festival Paris Hip Hop. Le journaliste Genono comparait les premières écoutes au fait que certaines chroniques sont aujourd’hui faites quelques jours, voire quelques heures, après les sorties de projets. On peut alors aussi se demander si ces journalistes ont réellement (pris) le temps de bien analyser les projets. De plus, quand on respecte et qu’on a confiance en un journaliste, ne pouvons-nous pas être également influencés par son avis ?
La différence est dans le sérieux et la prise de position. L’influence et la communauté de l’individu sont des variables qui vont rendre l’avis proposé plus ou moins “professionnel” dans la tête de l’auditeur/lecteur. Si on doit comparer avec le travail que nous proposons sur Cul7ure, il y a nécessairement eu un moment où nous avons réfléchi à la dimension sérieuse que nous voulions accorder au site et à nos réseaux sociaux. C’est ce sérieux qui ; mêlé à un relatif travail d’analyse, ajoute du crédit à l’offre et satisfait la demande.
Loic Reviews, un des précurseurs en France des Premières Écoutes, a d’ailleurs annoncé il y a quelques temps qu’il arrêtait, ou en tout cas qu’il diminuerait la fréquence de ce type de contenus.
Pour résumer ses propos, on peut dire que Loïc éprouvait le sentiment de faire des premières écoutes même quand il n’était pas forcément pris d’engouement par le projet ou l’artiste. Il a décidé d’arrêter de faire des premières écoutes “bêtement” pour les réserver à des projets qu’il apprécie particulièrement. Aussi, les premières écoutes deviennent aujourd’hui un travail considérable tellement des dizaines de projets sortent tous les mois. En plus de lui prendre du temps, elles l’empêchaient de proposer des contenus plus variés. Enfin, on peut se demander si les critiques directes envers ce format n’aient pas aussi influencé ce choix.
Au début du mois, il publiait ceci sur Twitter :
Ce tweet plaît et n’attire que des retours positifs. Le concept des premières écoutes plaît autant, car lorsqu’on est passionnés de musique, la première fois qu’on écoute un album ou un morceau reste un moment spécial. Un moment et des émotions qu’on ne pourra plus revivre en réécoutant ce même projet.
N’oublions pas que la musique et les émotions qu’elle engendre sont faites pour être partagées. Pour certaines personnes, regarder ces premières écoutes est un moyen de partager ses premières sensations et voir ce que les autres en ont pensé au premier abord. Et ça, c’est quelque chose que les américains ont bien compris.
En effet, le format des premières écoutes est très utilisé outre-Atlantique ; et ce dans plusieurs domaines différents. De manière plus générale, on peut les appeler les « premières impressions ». Celles-ci sont des formats de vidéo(s) très répandus aux États-Unis, notamment dans les vidéos makeup (les filles verront de quoi je parle). Bizarrement, ce format n’est pas, voire pas du tout bien accueilli en France.
Tout d’abord, on a eu quelques anglais qui réagissait aux musiques françaises. La chaîne HarveyDon TV, animée par @hdharvey et @raymanbeats, fait régulièrement des premières écoutes de gros titres provenant de France, d’Italie ou encore des Pays-Bas. D’autres youtubers, cette fois américains, se sont fait connaître en France en faisait des premières écoutes de certains de nos morceaux, et plus particulièrement des titres de PNL, qui ont largement dépassé les frontières françaises. Pour en citer certains aux États-Unis, IsTalkCheap, King Demi ou encore OMG It’s Ralph en font aussi régulièrement.
Grâce à ces formats, on peut voir d’autres pays réagir à des musiques françaises, ce qui participe à l’ouverture internationale de celles-ci. Avec d’autres formats, plus « sérieux et travaillés », on peut se demander si les spécialistes prendraient le temps de s’interroger sur des musiques françaises. Je veux dire par là qu’avec un format “facile” à réaliser, les étrangers sont plus enclins à s’attarder sur notre musique. La facilité de production des premières écoutes participe à la viralité d’un morceau, d’un album ; ou en tout cas, en est un témoin majeur. Preuve en est avec cette merveilleuse première écoute du titre WOAH sur 93 Empire, ou encore du titre RR 9.1 de Koba LaD feat. Niska.
Arrivés à la fin de cet article, vous avez dû comprendre, enfin j’espère, que pour ma part, les premières écoutes sont un moment de plaisir. Pour être honnête, il y a même des premières écoutes que j’ai déjà regardées plusieurs fois, histoire de revivre mes premières réactions. Je les trouve finalement pas si nocives que ça.
Après ; chacun est libre de regarder ce qui lui plaît et si vous n’aimez pas lisez plutôt nos articles.