Sopico : Dans son dojo
Après 2 années sans actualité musicale, Sopico revient frapper fort au milieu de cette année 2020. Avec son apparition dans la mini-série “The Eddy” disponible sur Netflix et la sortie d’un nouveau projet, on peut dire que l’artiste a trouvé des choses à dire que ce soit en tant qu’acteur ou auteur/interprète. Nous vous proposons, à l’occasion de la sortie de l’ËPISODE 0, de revenir sur cet artiste qui fait force de propositions musicales intéressantes ces dernières années, et ce, sur un aspect tout particulier : L’accomplissement par la spiritualité.
Il fait preuve d’un parcours de vie intéressant. Appréciant ce que propose Lunatic ou encore Nirvana, il n’a pas de limites, de frontières à son écoute et à sa découverte musicale. Il puisera certainement une partie de ses influences dans cette base ; ce qui donnera le détonnant mélange de sonorités acoustiques / hip-hop qui le caractérise tant. Adepte des sports de combat dans sa jeunesse, il a peut-être utilisé le rap comme un échappatoire pour exprimer sa rage, qui a tendance à s’adoucir au fil de son évolution musicale.
Il évoluera un temps avec des membres de la 75e session, avant de continuer de manière plus solitaire. Il reste néanmoins proche d’artistes de cette école, tels que Georgio, Sheldon, ou encore le regretté Népal. Adepte des freestyles depuis ses 13 ans, on le trouvera présent sur des GRÜNT, lui permettant de profiter d’une exposition qui lui permettra de se faire un nom dans le milieu. Il explose ensuite avec le morceau Le hasard ou la chance qu’il écrit et performe pour Colors, le track profitant alors d’une exposition à l’international. Il confirmera le tout avec son projet YË, fort intéressant pour cette quête intérieure.
Point de départ : Paris.
Il évolue dans le milieu parisien, une ville remplie d’énergies où toutes les catégories sociales se croisent, et où la vitesse a pris place depuis un certain temps, Sopico apprécie son environnement. Ayant grandi entre les frontières de l’Île De France, il a vu son paysage évoluer, en constante mouvance. Là où son attachement à l’environnement se ressentait par son rap très typique du lieu au début de sa carrière, c’est par de nombreuses références notamment dans son dernier (long) projet en date qu’il nous fera part de sa présence dans le département. On observe alors une certaine récurrence de la ville lumière dans ses textes.
J’suis précis, je connais ce bitume […] Squatte les marchés, les abribus.
Sopico – Press Play
On a donc ici un artiste bien implanté, qui a ses repères. Mais Sopico ne veut pas rester éternellement au cœur de la capitale, bien que ce soit un endroit qu’il affectionne, où il rencontre ses gars, et se forme au Dojo en suivant sa vision. Paris est son lieu d’apprentissage. C’est le point de départ de son envie de voir plus grand. Même si cela a laissé une empreinte dans son esprit, il a besoin de découvrir d’autres endroits.
Il apprécie certes son cadre de vie en en parlant par son prisme avec fidélité et sincérité, mais veut s’en extirper, explorer le monde entier en vagabondant pour découvrir d’autres paysages et s’ouvrir à d’autres cultures. Un voyage initiatique en somme. Ces expériences pourraient lui apporter ce qu’il recherche, s’élever, pouvoir s’exprimer, partager des moments.
On observe que l’artiste va à contre-courant du mode de vie de son lieu de résidence, comme l’on peut le comprendre grâce à l’interlude qui intervient comme une pause dans cette traversée musicale : “J’vois ma vie comme une chute pleine de plaisir, yeah” conclut il en marchant dans les rues qu’il arpente.
S’il y a bien un autre aspect qui tend à évoluer, c’est sa musicalité. Avec cette empreinte forte, une proposition unique en son genre, il y a une invitation à l’évasion, un côté très spirituel dans les sonorités utilisées. Il cherche à ce que la production soit en adéquation parfaite avec ce qui nous est raconté. On s’éloigne des sonorités brutes du départ qui fonctionnaient bien pour ce qui était développé pour se retrouver, au fur et à mesure, sur quelque chose de plus paisible.
Perfectionniste, adepte des tonalités sous exploitées et de toutes sortes d’instruments, on ressent une expérimentation maîtrisée, après avoir passé un certain temps en studio à s’essayer à divers appareils. La cohésion est marquante, avec un univers qui est dépeint tout au long des projets avec un pilote à la barre. En effet, hors Mojo (instrumentales par Sheldon), il soigne et signe toutes ses productions, même si il tend à s’entourer sur son dernier projet en date, avec notamment en co-production, Loubensky (notamment très présent sur le dernier album de Jazzy Bazz) ou en encore Ozhora Miyagi (grand producteur belge).
Enfin, l’écriture, élément non moins important d’un rappeur, s’est vue transformée pour prendre une autre dimension. À une période où Sopico avait de nombreuses choses à déballer, pour libérer son esprit sur certains points, on pouvait le ressentir non seulement par le fond mais aussi par la forme. En effet quand on observe son évolution dans la continuité on remarque une tendance : Il laisse de plus en plus de place dans ses textes, opte pour des structures différentes, invite le silence à prendre place par instants.
Cette épuration peut-être interprétée comme une forme de réponse à lui-même sur ses questionnements. En ayant peut-être trouvé des réponses, et acquit une certain sagesse, il laisse place aux blancs dans ces textes, qui permettent d’avoir le temps de prendre conscience de ce qui vient d’être exprimé, et ainsi de donner plus d’ampleur et d’impact à la parole, à contrario de ses premiers morceaux où il débitait au kilomètre. Il en parlera dans le morceau Atterrir :
Branche la guitare, j’fais un point avec moi-même.
Sopico – Atterrir
Il sait manier la plume avec force, faisant preuve parfois d’élans assez poétiques et ce, en y intégrant son ADN, par son vocabulaire notamment. Le minimalisme prend place dans sa musique assez paradoxalement avec l’ampleur des sonorités diverses et variées qui cohabitent dans ses morceaux. Un phrasé marqué, deux trois accords à la guitare, un texte rempli de sincérité, décrivant le monde qui l’entoure, voilà ce qui définirait Sopico. C’est un artiste déterminé, qui tend à réaliser ses rêves.
En quelques projets, on constate déjà une évolution notable, sur l’espace de quatre années. Il a réussi à se centrer sur ce qui lui semble important. Il fait de la musique pour “sa famille, les siens et lui-même”. Il semble être dans une quête perpétuelle d’apprentissage, cherche à maîtriser la production au mieux, proposant ce qu’il souhaite partager, sans suivre de normes établies.
Le coeur et l’esprit sont apaisés, le calme prend place par instant, il semble assez fier aujourd’hui de son évolution. En quête de liberté, il nous transmet au travers de son état d’esprit qu’il ne faut rien lâcher. Il cherche alors à décoder la vie et à en comprendre les messages.
Crédit photo : Compte Instagram de @sopicooo