Vous voyez ce genre de commentaires sur Youtube ou Facebook de ces personnes qui regrettent l’époque où les gens rappaient vraiment? Ceux qui font des montages sur Paint pour comparer le rap d’aujourd’hui avec celui des 90’s?

Dans tous les genres musicaux, on retrouve des puristes, constamment nostalgiques d’une époque que la plupart n’ont jamais vécue. Et bah dans le rap, y’en a des milliers ET dans chaque coin de France, t’en connais au moins un. Pour vous, j’ai écumé quelques sites de puristes et une conclusion m’est apparue et m’a inspiré l’écriture de cet article. Dans ce brouhaha, le nom qui revient le plus souvent dans leurs bouches :  F a b e. 

 Pour ceux dans le fond qui ne suivent pas : Qui est Fabe?

Supra présent dans les années 90, c’est un membre central d’un des groupes emblématiques du rap français : la Scred Connexion. À cette époque, Fabe incarnait des valeurs positives et rejetait à la fois le côté gangsta rap grandissant mais aussi l’importante influence du rap américain sur le rap hexagonal. Outre sa maturité, c’est son engagement musical et ses prises de positions qui lui ont valu cette casquette de « mascotte des puristes ».

Après 4 albums solos, il avait finalement décidé d’arrêter le rap au début des années 2000 pour finalement se convertir et de dédier pleinement à l’Islam.

Si t’es un gangster, t’as pas le temps de rapper

Fabe – Joe « La Monnaie »

Maintenant que les bases sont posées et même si j’ai déjà répondu en partie à la question, on va creuser un peu pourquoi ils l’aiment autant. Mais avant tout; qu’est-ce que les puristes reprochent au rap d’aujourd’hui ?

D’après eux, si on résume bien le rap a vendu son âme à l’antechrist (les maisons de disques) et c’est une abomination pour eux. De plus, le rap ne veut plus rien dire aujourd’hui, c’est qu’un assemblage désordonné de mots où les gens ne pensent qu’à l’argent et qu’à apparaître dans le top album pour recevoir leurs disques d’or. Une pâle copie du rap us, et je vous raconte pas le nombre de fois où j’ai vu les noms de Jul, Kaaris, Gims, Pnl, etc.. pour illustrer leurs propos. Donc adieu « le vrai rap » et l’esprit hip-hop.

Par opposition, chez Fabe c’est son côté authentique ainsi que son côté passionné avec un regard plutôt désintéressé sur l’argent qui plaît à ces dénommés puristes. On retrouve aussi souvent le « ah lui il savait rapper ». Fabe était donc un porte-parole d’une jeunesse délaissée et souvent incomprise, un lyriciste hors-pair et le roi des assonances. Suffit de décortiquer certains textes ou certaines phases, sa façon de rapper et de placer les chutes de ses rimes apportaient une fraicheur incomparable. Mais puisque vous êtes des flemmards je vais vous mâcher un peu le boulot.

C’est vrai que tout ça c’est un peu abstrait mais quand on plonge dans son univers, c’est difficle de passer à côté. s/o son obsession pour les allitérations et les multisyllabiques, parsemées d’ailleurs partout dans le célébrissime Des Durs, des Boss, des Dombis :

Des durs, des boss, des tueurs à gages, des bandits
Des médisants, et soi-disant dans l’biz depuis qu’ils ont dix ans
Des dombis vivent dans palaces, parlent de taudis
S’font passer pour des as alors que la misère les maudit. 

Et ça on en retrouve partout, jusqu’à son dernier album quitte à ce que ça fasse parfois pour du forcing mais c’était Fabe donc on peut tout lui pardonner apparemment.

CEPENDANT avant de terminer, il faut garder en tête que c’est assez bateau de simplement le placer dans la case de « rappeur conscient ». Sur son troisième album, dans Nuage Sans Fin, il semblait l’avoir compris. Premièrement, il ne se reconnaissait pas dans le côté misérabiliste que le rap peut parfois avoir mais surtout cette image ne lui collait pas et surtout que ce genre de thèmes tournaient vite en rond :

T’as vu nos vies tournent en rond, à ton avis à cause de qui ici on tourne en rond ?
Et tu crois quoi ? Que j’vais dire que c’est à cause de l’État ?
Quand tu plantes ton frère, est-ce que c’est Jacques Chirac qui prête son bras ?
Les riches sont gras, les pauvres ont faim, se bouffent entre eux
Sans te raconter d’conneries on la connaît celle-là !
Maintenant, faudrait passer à autre chose, changer de disque, de répliques !

Fabe – Nuage Sans Fin

En bref, les compliments et autres louanges sont variés, multiples (mais mérités). Presque 20 ans ans plus tard, cette figure majeure continue encore de marquer les esprits et d’influencer les écrits contemporains (cf 1995, Demi Portion, etc..).  

Avant de vous laisser vaquer à vos occupations, on vous propose un petit bonus afin de vous convaincre une bonne fois pour toute d’aller écouter Fabe (tant que vous devenez pas des puristes, ça nous fait plaisir)