Ils disent que je représente la lose mais je représente la vraie vie

La Fouine (ft Orelsan) – Tu vas prendre cher.  

C’est ainsi qu’Orelsan s’introduisait dans un feat avec La Fouine. Issu de la petite ville de Caen, il incarne la deuxième moitié des Casseurs Flowters avec son compère Gringe. Il faut savoir que même si certains le considèrent toujours comme un arriviste, il est là depuis un moment. Pour que les plus vieux se rendent compte qu’ils deviennent encore plus vieux, il a commencé à publier ses sons sur Myspace. De plus, si certains pensent que 2006 (la date de mise en ligne du titre Ramen) c’était y’a pas si longtemps dites-vous que ça fait déjà douze ans. Feel old yet ?

Comme ma super intro le soulignait déjà, Orelsan est un personnage assez « décalé » au sens premier du terme. Dès ses premières vidéos que l’on peut trouver facilement en fouillant sur le web, on remarquait déjà son amour pour les mangas et la nonchalance. D’ailleurs, si l’album Perdu d’avance a si bien marché, c’est parce que c’est du rap générationnel qui a touché plus de monde qu’un album standard. En rappant une vie fantasque et pleine de fantaisies, tu peux toucher beaucoup de monde mais ton audience sera tout de même limitée. Les gens seront moins touchés dans le sens où t’as moins de chance d’écouter en te reconnaissant dans les paroles cependant tu pourras tout de même toucher un public qui tend à ce but ou qui possède déjà ce que tu espères.

Ici, comme le nom de l’album l’indiquait, dès le départ, on était assez loin d’une vie fantasmée, il racontait juste son quotidien, de ses soirées ratées à l’absence « d’activité » dans les petites villes en passant par ses jobs de merde ou même ses angoisses primaires. Des journalistes plus âgés auraient utilisé des expressions comme « porte-parole d’une génération déchue». C’est plus ou moins ce qu’il est/était. C’est la raison pour laquelle tu peux croiser autant de personnes qui s’approprient cet album comme un « résumé de leur vie ».

Entre les deux albums, il va avoir le droit à une vague médiatique assez longue et laborieuse. Le sujet : le morceau Sale Pute, qui l’emmènera jusqu’aux tribunaux. En bref, le titre relate l’histoire d’un jeune homme qui apprend que sa copine le trompe. Détruit psychologiquement, il va péter un câble et entrer dans une colère noire (un peu comme Gon à la fin d’Hunter x Hunter). Il y a également eu des polémiques annexes genre son « Comme si c’était de ma faute si les meufs c’est des putes » dans Courez, courez ou bien même la phase sur Marie Trintignant dans Saint-Valentin.

Même la secrétaire d’état de l’époque (dont personne ne se souvient du nom) l’avait accusé d’incitation à la violence envers les femmes. Finalement, Orelsan a « remporté » ses procès. Il avait expliqué sur les réseaux :

J’ai fait cette chanson comme j’aurais pu faire n’importe quelle autre chanson. Afin de faire passer une émotion, de montrer comment un être humain, quand il est jaloux, peut devenir une espèce de monstre.

Orelsan, pour RTL.

Depuis qu’il a arrêté d’en parler, la polémique a presque été jetée aux oubliettes même si les associations féministes l’attendent toujours au tournant.

La polémique s’est donc estompée et cela donne quoi ? Eh ben.. Deux ans plus tard, on retrouve déjà un Orelsan moins enrobé avec des cheveux longs pour un nouvel opus : Le chant des sirènes. Très différent du premier, bien qu’on retrouve toujours le même leitmotiv avec les questionnements existentiels, Elle viendra quand même, le fait qu’il soit un spectateur d’un monde qui le dépasse ; Plus rien ne m’étonne, mais toujours avec une même mélancolie comme dans Si seul. C’est une thématique qu’on pouvait déjà entendre dans Étoiles invisibles sur son premier opus.

C’est donc un Orelsan plus mature qui se livre toujours plus. Il passe donc d’un constat de SA vie à une prise de recul plus grande sur ce qui l’entoure et se retrouve être un ‘haut-parleur’  d’une génération qui désormais se sent représentée d’une manière plus globale.

Mais avant toute chose, il existe une mixtape qu’on peut trouver sur Youtube (sortie avant même la création de la plateforme) sur laquelle on entend Gringe et Orel rapper ensemble. 9 ans plus tard, Orelsan et Gringe sont les Casseurs flowters et débarquent dans les bacs. Véritable ode à l’oisiveté, on retrouve nos protagonistes qui espèrent que la procrastination sera l’échappatoire à l’horreur des responsabilités. Pourtant, dans cet océan de paresse, l’outro Des histoires à raconter, souligne une certaine lucidité et les prises de conscience sur leurs choix de vie respectifs. La douce mélodie du piano de Skread accompagne les artistes qui se livrent ouvertement à l’auditeur. Cet album (et par extension le groupe) est un mix parfait entre Dumb & dumber et Wayne’s world.

Après le succès de leur premier album, Orelsan et Gringe se lance à pieds joints dans le cinéma. On trouvait souvent ce côté cinématographique dans leurs clips mais là, c’est Orelsan qui s’y colle. Pour la bande originale, on retrouve toujours le même groupe, y’a même un guest surprise sur le morceau J’essaye, j’essaye. A l’instar d’8 Mile où il ne s’agit pas de la biographie fidèle d’Eminem, Comment c’est loin n’est pas non plus un biopic sur les deux rappeurs.

Cependant, dans les deux films respectifs, les protagonistes inspirent leur personnage. Orelsan & Gringe jouent des trentenaires qui n’ont jamais réussi à finir un seul morceau, à cause de la paresse et des doutes. Ce fut tellement enrichissant et marquant que le groupe Canal les a appelés pour la mini-série Bloqués. Un carton aussi, l’alchimie des univers est réussie, entre vannes débiles et réflexions sur tout et rien, on les retrouve dans leur élément.

On est en octobre 2017 et Orelsan a annoncé que son prochain album La fête est finie sortira Le 20 octobre 2017. On a déjà eu un extrait de l’album, Basique, qui était le tube qui est censé être l’apéritif avant le plat de résistance. On a plus qu’à patienter pour voir la direction que l’album prendra. On sait déjà qu’on retrouvera plusieurs featurings dont Maître Gims, Stromae ou encore Nekfeu.