Fonky Family, gloire à l’art de rue
1996, Marseille : Jul ne sait pas encore qu’il deviendra une machine et personne ne se doute encore que l’été 2020 sera cafew et carnaval ! Si IAM suite à ses classiques restait la tête d’affiche du rap, un autre groupe allait amener un vent de fraîcheur avec son « art de rue ». La Fonky family composée de Don Choa, Sat, du Rat Luciano, Menzo, Pone et de DJ Djel a commencé sa conquête du rap hexagonale en accompagnant AKH sur le hit Bad boys de Marseille . Un véritable hit qui passera en boucle sur les radios et les chaînes TV. Un clip très cinématographique qui rappelle un peu dans sa façon d’être filmé un long métrage portant presque le même nom avec Will Smith et Martin Lawrence.
Section nique tout
La FF c’est un délire tout neuf à l’époque ; une énergie folle, une façon de parler de la rue sans concessions, imagée : une écriture différente de celle d’IAM. Il n’y a d’ailleurs aucune comparaison possible entre les deux univers.
Le rat amène sa plume qui est peut-être la meilleure du crew, Sat apporte un côté plus street tandis que l’écriture de Don Choa n’est pas en reste même s’il utilise l’humour plus que ses compères. Pone est lui l’architecte du groupe qui se régale de ses productions. Les rappeurs du groupe fusionnent leurs écritures et leurs flows si différents pour tout niquer et c’est d’ailleurs le leitmotiv de cette section. Pas ou peu de discours moralisateur chez la FF, le son transpire l’amour du rap, la rage de s’en sortir contre vents et marées.
Inch’Allah
En 98, ils sortent leur premier album Si Dieu veut… . Et dans ce disque c’est tout l’état d’esprit Fonky Family qui ressort ! Car oui, plus qu’un concept ou un regroupement d’individualités qui fait de la musique, on parle bien d’un état d’esprit.
« La furie et la foi » est peut-être l’expression qui caractérise le mieux cette équipe venue tout renverser sur son passage. Le son est sans rémission, ni concession. Le rap estampillé FF est à prendre tel quel.
L’esprit de révolte n’est pas feint. Inutile de chercher à comprendre d’où vient la rage qui pave cet album. Il faut juste se laisser transporter et écouter le groupe parler de ce sentiment d’injustice et de revanche que ce soit envers les institutions, envers ceux qui pensaient qu’ils ne perceraient pas ou tout simplement défendre corps et âme leur amour pour le hip hop.
Ne cherchez pas obstinément de cohérence à cet album ! Ce premier projet, c’est le disque de l’innocence dans lequel la FF a mit toutes ses tripes. Un bordel organisé dans lequel chacun laisse libre cours à sa hargne et sa plume afin que « Marseille, et tout le pays soit envahi » par le style FF et cela « sans faire couler le sang ».
Il en ressort le sentiment puissant que pour que le groupe de Marseille soit aussi reconnu que les X-Men de Time Bomb, c’était « maintenant ou jamais ». Et la réussite est telle qu’il suffit d’écouter ce classique « une seule fois » pour y adhérer et rejoindre la résistance !
Street art
En 99, la Fonky family sort un hors-série (le vol.1) qui en plus de 3 titres live contient 3 inédits : le bordélique sans titre, le revanchard si j’les avais écouté et le très 80’s Loin du compte.
Puis vient 2001, et l’album qui se doit d’être celui de la confirmation et devenir également un classique, Art de rue. Si l’énergie est toujours la même, et l’amour du groupe pour leur art impossible à remettre en question, le projet lui se montrera beaucoup plus hétérogène que son prédécesseur ce qui ne l’empêchera pas de rencontrer un énorme succès commercial ! Afin d’entrer définitivement dans la légende, le groupe « explose, extorque, exporte, explore, sexe, tox, escorte, vexe porcs et fuck ! » sur Art de rue ou fille, flics, descente.
Car sur ce projet, la FF se fait toujours journaliste/reporter et porte-parole de la réalité qui les entoure et qu’ils côtoient au quotidien. Un son dédié à ceux et celles, qui mènent des vies de chiens ou de chiennes comme le dit Sat sur Mystère et suspens. Un album sur lequel on nous narre « Mars mais pas celui de Pagnol » sur Haute tension ou Tonight.
De l’aveu de Sat lui-même, ce deuxième album est comme le premier un album fou fou, celui de « mecs qui ne veulent pas basculer dans l’âge adulte ».
Musique marginale
En cette même année 2001, le deuxième volet du Hors-série voir le jour avec toujours 3 inédits : Grand vertige, vie rapide (mort lente) et warnings.
Le groupe mettra cinq ans à sortir un nouvel album et Marginale musique se classera tout de suite en tête des ventes à sa sortie grave au statut de groupe mythique acquis par la bande de Pone. Néanmoins, ce disque n’est pas à la hauteur des autres ! Sa sortie se trouve en effet entre le début de carrière solo de tous les membres du crew et la séparation définitive de l’équipe. Cela donne un album décevant ou même le morceau éponyme et single ne parvient pas à accrocher plus que cela.
On retrouve malgré tout un peu de l’énergie qui a fait la réputation des marseillais sur Comme on débarque ou C’est tout c’qu’on a et ça fait beaucoup de bien.
Même si la carrière du groupe s’achèvera sur cette note en demi-teinte, cela ne suffira pas à ternir l’image d’un groupe devenu légendaire car dépositaire d’un rap accessible, simple parvenant à toucher le public à une époque où le rap se transforme pour devenir plus violent et hardcore dans ses propos.
On essaie tous de se faire une place et il est clair aujourd’hui que Dieu a voulu que la FF soit un jour en place !