Dosseh – La rue c’est rasoir
Le single Habitué a provoqué une véritable onde de choc dans le rap français mettant ainsi un coup de projecteur sur Dosseh, rappeur qui, selon moi, n’a jamais eu la reconnaissance qu’il méritait. Je ne vais pas sortir la fameuse phrase « Dosseh était sous côté » car aujourd’hui elle veut tout et rien dire mais tu as compris. L’album Vida Lossa est à mon avis un pari relevé, Dosseh a réussi ce qu’il voulait faire : simplifier son écriture pour toucher un plus large public et enfin atteindre le succès qu’il convoitait. Habitué a fait un tel buzz que je ne trouve pas pertinent de parler de ce morceau ici. Si tu t’intéresse un tant soit peu au rap français (si tu lis ceci, j’ose penser que c’est le cas), tu es au courant de toute l’histoire de ce morceau vu le nombre d’interviews qui ont été faites sur le sujet.
Aujourd’hui, j’aimerai revenir sur le morceau La rue c’est rasoir qui est, pour moi, le 25 décembre de Vida Lossa. Si tu n’a pas écouté l’album Yuri de Dosseh, je te mets 25 décembre juste ici pour que tu comprennes le parallèle développé tout au long de l’article.
Tu l’auras surement compris mais ce coup de cœur ne portera pas sur un morceau mais deux. Cela me paraît inévitable tant le parallèle est évident entre 25 décembre et La rue c’est rasoir. En effet, dans ces-derniers, Dosseh se sert de dialogues fictivement réalistes avec ses amis. Chacun échange ses nouvelles et malgré les chemins de vie qui diffèrent, ils se retrouvent toujours. A l’issue de ces échanges, Dosseh prend conscience que les gens changent et que les choix de chacun façonnent leur vie. Egalement, le rappeur se sert de ces dialogues pour se dévoiler un peu plus sur sa vie personnelle à son public et là où certains artistes émettent encore des réserves sur leur vie privée, l’auditeur a l’impression ici de véritablement connaître la personne en plus de l’artiste.
Les deux morceaux sont rythmés par le thème de l’amitié. En effet, Dosseh évoque sa loyauté envers ses amis qui sont restés à ses côtés mai également avec ceux avec qui les liens se sont rompus. On comprend donc que l’amitié est encore très importante dans la vie du rappeur malgré le temps qui passe et les chemins de vie différents. D’ailleurs le fait de tenir ses principes et d’avoir des valeurs est l’une des lignes directrices de Dosseh et, par résultante, de l’ensemble de son œuvre également :
J’ai quoi à part des principes et de l’honneur ?
25 décembre – Dosseh
Que serait un bon morceau de rap français sans le thème de la rue ? Evidement, ce thème n’est pas gage de qualité mais il faut avouer que nombre de bons morceaux en parle mais, là n’est pas le sujet. Le thème de la rue est omniprésent dans les deux morceaux notamment avec la notion de réussite dans l’illégalité. En effet, dans 25 décembre, Dosseh dépeint la glorification que certains pans de la société fait de la rue notamment à travers le récit de parcours de personnes réussissant leur vie dans l’illégal.
Thème de la rue oblige, la notion d’argent est aussi présente dans ces 2 morceaux que ce soit à travers le thème de la réussite ou, paradoxalement « le complexe du pauvre dans toute sa splendeur » évoqué dans La rue c’est rasoir.
Comme je l’ai dit en amont, Dosseh se livre à son public et comme dans toutes confidences, il nous fait part de ses erreurs, ses souffrances et ses regrets. De nombreuses phases restent en tête sur ce sujet là telle que :
Même si mon art est abstrait, mes douleurs elles sont bien concrètes
25 décembre – Dosseh
Tu l’auras compris, ces deux sons sont la transmission de multiples choses à la fois simples et complexes ce qui semble aux premiers abords paradoxal avec son nouveau style d’écriture. Dosseh a certes simplifié son écriture mais il n’en est pas de même avec ce qu’il dépeint dans ses morceaux :
C’est jamais tout noir, c’est jamais tout blanc. C’est pas aussi simple, c’est rarement binaire
La rue c’est rasoir – Dosseh
C’est deux morceaux sont donc similaires sur de nombreux points cependant, là où dans 25 décembre Dosseh parlait de son rapport avec la starification des rappeurs, dans La rue c’est rasoir il évoque le terme de « anti-héros » pour qualifier ses amis mais également lui-même. Cette expression est loin d’être anodine et insiste sur le fait que l’ambition est leur atout principal mais personne ne croit spécialement en eux. Le récent succès de Dosseh en aura donc visiblement surpris plus d’un.