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Dans le viseur #03 Zinée, Allebou & Skreally Boy

Nous voilà de retour pour le troisième épisode de notre rubrique Dans le viseur. Cette rubrique est, on vous le rappelle, pensée en lien avec notre playlist du même nom. Cette fois-ci coup de projecteur sur Zinée, Allebou et Skreally boy.

Zinée

Dans les artistes à suivre, il y en a une qu’il ne faut certainement pas négliger, il s’agit bel et bien de Zinée. En l’espace d’un seul projet et d’une série de quelques sons, Zinée a su poser les bases de son univers et d’un style bien à elle. Cette artiste du sud originaire de Toulouse, qui réaffirme notamment ses origines dans sa récente collaboration avec Dante Sito, a su montrer les différentes cordes qu’elle possède déjà à son arc.

Nous vous avions partagé le son Minitel dans la playlist DLV qui n’est autre que le premier track de son premier EP intitulé Fûtée. Dès ce premier son, Zinée parvient à transporter l’auditeur dans un monde teinté d’une certaine froideur par le biais de sa voix douce et envoutante. Pour ce projet, Zinée a pu compter sur la présence de Sheldon aux commandes de la production. On le retrouve également en featuring sur le son Orchidée.
 

J’me sens différente,
j’ai rien à faire avec tous ces gens

Zinée – Ces Gens


Attention toutefois à ne pas s’arrêter aux apparences car Zinée nous démontre toute sa capacité à poser sur des prods orientées rap. C’est notamment le cas dans Ces gens, deuxième track son EP. C’est aussi à ce travers ce son qu’elle nous dévoile une partie de sa personnalité. Elle va à plusieurs reprises faire part de sa méfiance ou de sa hantise de ces gens qui l’entourent. Cet aspect de sa personnalité est confirmé dans le son triste mais elle y dégage également tout comme dans Personne, une volonté de s’imposer dans le milieu du rap par le biais de l’egotrip.  Ce rap egotrip se mêle à la tristesse et au mal-être que Zinée retranscrit dans ses chansons. Son EP est en fait une sorte d’exutoire dans lequel elle semble entasser ses différents états-d’âme. Elle prend conscience du mal qui peut l’entourer et cela fait donc d’elle quelqu’un de fûtée

Si Zinée vous a conquis, alors il vous est fortement conseillé de jeter un œil sur son Instagram dans lequel elle y a dévoilé une série de freestyles aussi réussis les uns que les autres. Vous serez probablement conquis par les visuels colorés de ses clips qui contrastent bien avec le contenu et le ton sombre qu’elle réussit à apporter sur certaines de ses chansons. 

Zinée vient tout juste de planter un décor, et tout ceci ne s’avère être qu’un début. C’est une artiste au stade de l’éclosion que nous nous devons de garder dans le viseur. 

Allebou

Si vous n’avez pas encore écouté sa musique, peut-être l’aviez vous déjà remarqué lors d’un Planète Rap dans lequel il fût l’invité de Maes. Cette apparition lui aura été bénéfique car si Allebou se trouve dans notre viseur, il semble qu’il ait déjà attiré un certain public. Ce jeune rappeur Sarthois qui est passé à deux doigts d’embrasser une carrière professionnelle dans le football semble maintenant pouvoir embrasser une carrière dans une passion qui l’animait tout autant depuis longtemps, la musique. 

Le son Gris disponible sur la playlist DLV est issu de sa mixtape Synthèse additive. Un titre qui n’a pas été choisi comme cela. En effet, la Synthèse additive est «le procédé consistant à combiner les lumières de plusieurs sources colorées dans le but d’obtenir une lumière colorée quelconque. » Ce n’est donc  pas un hasard si la tracklist de cette mixtape est composée de titres pouvant faire partie du champ lexical de la couleur. En effet, ce projet est riche et varié, tant dans les sujets qui sont abordés que dans le choix des productions. Allebou rappe et chante. Ces différentes couleurs en forme une, le projet en tant que tel. C’est donc une mosaïque de couleurs à l’image du son RVB ( ROUGE VERT BLEU )  dans lequel Allebou pose sur une multitude de beats composant un seul son, chaque couplet ayant un lien avec chaque couleur du titre. Et vous savez quelles sont les couleurs qu’utilisent généralement la synthèse additive ? Et bien le rouge, le vert et le bleu. 

C’est la couleur du feu, c’est la couleur du sang
Ce dernier coule quand t’es trop foncé même si t’es bien innocent
Pour pas qu’les mendiants mange, les poubelles sont javellisées
Y a plus d’esclaves à l’heure actuelle que quand c’était légalisé

Allebou – Rouge


A l’écoute de Bresom, l’aisance d’Allebou sur les bangers est évidente. Néanmoins, il s’illustre également dans des titres ou le fond prend plus d’impact. Son écriture est travaillée et technique comme vous l’aurez constaté à l’écoute de Gris. La force du jeune Sarthois réside dans le fait qu’il arrive à faire passer des messages forts et lourd de sens en évitant le côté barbant ou moralisateur que l’on reproche à certains albums de rap étiquetés conscients. Allebou arrive donc à lier conscience et musicalité pour le plus grand plaisir de l’auditeur. Le storytelling est également un style que le jeune artiste a su aborder comme vous pourrez le constater à l’écoute de Transparente qui dépeint un sujet très actuel et en rapport avec les dérives que l’on connait sur les réseaux sociaux. 

Allebou est donc un artiste dont l’avenir dans le paysage musical du rap français semble plus que prometteur. Il réside dans ses réalisations une recherche qui contribue à la création d’un univers qui ne se limite pas à la création de chansons comme en témoigne les images de son dernier clip Lumière Bleue dont nous vous laissons le soin de comprendre l’énigme. Il y a un fil conducteur dans ses créations et il ne nous reste plus qu’à savoir où celui-ci va nous emmener. 

Skreally boy

Le nom de Skreally boy vous est encore peut-être encore malheureusement inconnu, mais nous vous assurons que les plus passionnés d’entre vous le connaissent déjà sous un autre pseudonyme, celui de Richiebeats. En effet, cet artiste allie deux disciplines que sont le beatmaking et le chant. Son tableau de chasse en tant que Beatmaker est déjà très impressionnant quand on sait qu’il a collaboré avec des artistes comme Booba, Dinos, Nekfeu.. En fait énormément de grands noms du rap français. 

Mais dans cet article, nous nous intéresserons à la deuxième facette de Richiebeats, celle de Skreally Boy. Cet artiste n’est pas un nouvel arrivant dans le monde de la musique que ce soit en tant que beatmaker ou en tant que chanteur. C’est dans son premier projet intitulé Karma  sorti en 2014 que Skreally se dévoile sous les traits d’un artiste R&B. Dès ce premier projet, l’artiste à la double casquette arrive à aborder les thèmes les plus intimes avec légèreté. Malgré les allusions au sexe dans ses textes, le vulgaire ne l’est plus et le tabou n’existe pas quand Skreally boy prend place dans la cabine. Il relate des histoires d’amour, les plaisirs charnels, les pulsions et les comportements d’un homme emprunts aux plaisirs et tout cela passe grâce à son flow.


Skreally boy ne s’est évidemment pas arrêté là et a sorti un projet en 2016 et deux projets en 2017 : 3:52, Lo< 3 et +++. Dans ces trois projets Skreally reste fidèle à son univers. La production est en parfait accord avec son époque, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que c’est son alter ego Richiebeats qui est aux commandes de la plupart des beats.  Les influences rap sont néanmoins d’autant plus présentes sur Lo<3 et +++, les prods plus sombres. Skreally réitère l’exploit à la sortie de Karma 2 en 2019. L’artiste nous démontre tout au long de sa discographie qu’il est capable de s’illustrer dans plusieurs registres. Si Skreally chante dans la plupart de ses sons, il nous démontre malgré tout au détour de certaines phases qu’il pourrait sortir un projet axé rap sans le moindre problème. Il est la preuve qu’il n’existe pas de cases pour un artiste et que celui-ci peut briller dans différentes disciplines

Enfin, le dernier projet 22 :22 sorti cette année confirme ce que nous disions précédemment. Ce projet marque un certain virage dans l’évolution de Skreally. il nous délivre un album riche et varié. Son style bien à lui reste présent mais il nous démontre cette fois son aisance au kickage. Jus en est l’exemple le plus probant. Le son 117 que nous vous avions posté dans la playlist DLV est également issu de ce projet. 

Skreally boy est en fait le schizophrène du rap français, un artiste dans le sens propre du terme. Richie plante le décor et Skreally raconte l’histoire. Il était important de mettre en avant la deuxième facette de cet artiste qui est déjà profondément ancré dans le paysage du rap francophone. On vous a donc présenté l’alter ego de celui qu’on ne présente plus.