Une brève histoire du Rap
A travers 250 albums parus entre 1980 et 2000, Thomas Guillaumet (régisseur audiovisuel) et Thibaut Lamadelaine (historien de formation) ont souhaité retracer certains passages du rap. Ces deux passionnés nous invitent ici dans un voyage au cœur des différentes époques et mouvements ayant forgé le rap à travers le monde.
On y retrouve évidemment beaucoup de rap US et de rap français ; mais pas seulement. Des artistes russes, italiens ou encore palestiniens se trouvent cités au cœur de cet ouvrage. Beaucoup de noms connus donc, d’albums unanimement perçus comme classiques et majeurs dans leur époque, mais aussi d’autres ; plus confidentiels. Moins mis en avant, mais non moins intéressants à (re)découvrir. C’est justement ce point qui est le plus intéressant à souligner selon moi : la diversité au niveau de la sélection des projets. Au détour d’un entretien avec Thibaut, il m’expliquait que Thomas et lui avaient à l’origine opté pour un ouvrage revenant sur pas moins de 500 albums. Si d’un point de vue éditorial il était plus intéressant de séparer cette sélection en deux livres distincts (le « tome 2 » étant d’ailleurs annoncé dans les premières pages de celui-ci), les 500 albums étaient quant à eux déjà sélectionnés. Pensé dans un premier temps comme devant se concentrer uniquement sur le rap US, le rap français est rapidement apparu comme une évidence puis ; au détour de rencontres et d’échanges avec d’autres passionnés, la volonté de s’ouvrir au monde entier s’est finalement ancrée dans la tête des deux auteurs.
Ce qui peut surprendre ici, c’est l’absence de grands albums, de projets qu’on aurait imaginé être présentés de façon presque évidente. J’ai par exemple été surpris de l’absence de Mauvais Œil ou d’Illmatic. Néanmoins, il faut bien comprendre que la volonté du livre n’est pas de revenir sur les 250 plus gros classiques de cette musique, mais bien sur son évolution et ce qui a pu la marquer. Thibaut me l’a d’ailleurs très bien expliqué en soulignant qu’ils ne souhaitaient pas faire un volume 1 avec uniquement des albums cultes et fondateurs du hip-hop au sens large. De cette façon, l’éventuel tome 2 n’aurait pas souffert des “restes” de la première sélection et puis la différence aurait été trop importante. Puis rien n’empêche ces « grands » absents d’être présents à l’avenir.
Résultat ? On se retrouve avec des projets moins évidents, moins « logiques », mais aussi plus surprenants et avec cela, la possibilité de faire davantage de découvertes potentielles donc. En terme de découverte, nous sommes d’ailleurs servis puisque la sélection démarre en 1980 avec l’album The Sugarhill Gang du… Sugarhill Gang justement. Ayant marqué de façon nette l’histoire de cette musique avec le titre Rapper’s Delight, l’occasion est ici de parler de la façon dont le groupe vient poser les fondations du mouvement hip-hop de façon commerciale, ouvrant la porte à tout un genre. Bien que critiqué pour diverses raisons, ce morceau et cet album se veulent donc marquants, et Thomas en propose une courte chronique des plus intéressantes au début du livre.
Retraçant presque malgré eux 40 ans de rap à travers le monde, la sélection s’achève en 2019 avec un album de rap français justement. Une sélection riche qui fera forcément des déçus (j’ai été profondément peiné de remarquer l’absence de Nessbeal dans ce premier volume) mais c’est finalement plus que logique et le travail derrière cette sélection et la rédaction de ces chroniques est plus que réussi. Par exemple, la façon dont Thomas (bien plus rattaché aux chronique de rap US dans ce livre) raconte l’histoire de l’album Bl_ck B_st_rds du groupe KMD (Kausing Much Damage) est intéressante et on y retrouve ce genre d’anecdotes liées à cette musique qu’il est toujours plaisant de connaître. D’ailleurs, KMD, groupe dont provient MF Doom que l’on retrouve en première de couverture. Les liens sont faits entre chaque époque et le résultat est à la hauteur.
On vous laisse avec deux pages de cet ouvrage, celle sur All Eyez On Me de 2Pac et celle sur UMLA d’Alpha Wann en cliquant juste ici. Si on avait pu avoir peur d’un aspect trop scolaire concernant ces chroniques, il n’en est rien, elles viennent raconter de façon juste les projets qu’elles présentent.`
Si vous souhaitez vous offrir ce livre ou l’offrir à vos proches, voici quelques liens :