Interview YoungChild
A la fois réalisateur, chef opérateur, photographe ou encore coloriste, YoungChild a sûrement déjà travaillé aux côtés de vos rappeurs favoris. On a profité de cette interview pour revenir sur son ascension et sur son parcours déjà dense.
Cul7ure : Pour commencer, quel a été ton parcours avant de devenir réalisateur ?
YoungChild : J’ai commencé à réaliser des projets de mon côté en parallèle de mes études de communication visuelle. Mes projets portaient d’abord sur du graphisme, puis de la photo et enfin de la vidéo. J’ai rapidement privilégié mes réalisations à mes études.
7C : Très bien et t’as appris la photo en autodidacte puisque t’as pas fait d’école de photographie à proprement parler?
Y : J’ai la chance d’avoir un père photographe donc dès mes 14 ans j’étais notamment son assistant lumière mais en ce qui concerne la retouche photo, je me suis surtout inspiré de ce que j’aimais et notamment d’artistes qui m’inspiraient.
7C : On sait que tu travailles aujourd’hui surtout pour la scène rap française, pourquoi avoir fait le choix de ce milieu ?
Y : J’écoute beaucoup de rap depuis toujours, et même si je me voyais plutôt faire de la vidéo pour le cinéma, quand Emota, un pote rappeur, m’a proposé de réaliser ses clips, tout s’est enchaîné naturellement.
7C : Et du coup, quelle a été ta première expérience dans ce milieu, tout poste confondu?
Y : J’ai commencé avec Sianna, une rappeuse de Beauvais, pour de la photo. On avait grave échangé, ça a tout de suite matché, elle est super et c’était génial de travailler avec elle. Elle m’a ensuite fait rencontrer un de ses producteurs qui m’a présenté Seb (Seb La Frite), puis Mac Tyer, Remy, Sophiane (Kamerameha) etc… C’est vraiment elle qui m’a introduit dans le milieu.
7C : Merci à elle du coup ! La vidéo après la photo c’est un choix qui s’est également imposé à toi ?
Y : C’est ça en vrai, je faisais beaucoup de photographie et tout le monde me poussait « Fais de la vidéo, tu serais trop bon ». Mais je ne voulais pas, je me disais que je préférais être vraiment bon en photo, apprendre tout ce qu’il y avait à apprendre et faire le tour avant de m’éparpiller. Au final, mes fondations de photographe sont étroitement liées au rôle de chef opérateur. Je mets en place les lumières pour un rendu esthétique et j’essaye de sublimer mon sujet comme pendant mes shootings.
7C : Très bien, et quelle a été ton expérience préférée jusqu’à maintenant ?
Y : (il hésite) C’est difficile, je pense que d’un point de vue global, c’est Bella de Uzi, mon premier vrai tournage en tant que Directeur Opérateur. J’avais une équipe à coordonner, la responsabilité du choix des optiques, l’éclairage à paramétrer et certains plans à cadrer. Ça reste l’une des réalisations qui m’a demandé le plus d’investissement.
7C : Tu as des univers à la fois différents et plutôt variés, que ce soit dans les clips ou les shootings que tu réalises, où trouves-tu tes inspirations et tes influences?
Y : Pour la retouche photo et même dans mes vidéos, je m’inspire beaucoup du cinéma, c’est l’aspect que je préfère. Dans la photo, j’aime capturer un vrai moment de vie. Y’a des scènes de films qui m’apparaissent, je les montre et on essaye de reproduire ces scènes mais toujours en mouvement. En influence j’adore Shutter Island, Fight Club, un peu tous les classiques en fait. Y’a pas longtemps j’ai vu Undercover (2018) et l’esthétique prime clairement sur l’histoire, les plans sont fous et je pense que je vais m’en inspirer pour les prochains projets que j’aurai. Sinon j’aime beaucoup travailler en fonction des lieux, je réfléchis à des lieux qui n’ont pas encore été utilisés et j’essaye de trouver des idées pour les mettre en valeur et en lumière. Et j’attache encore aujourd’hui une affection particulière pour la colorimétrie.
7C : Au sein de la scène audiovisuelle française, qu’est ce que t’aimerais voir davantage dans l’univers du rap français?
Y : Sophiane par exemple, il a amené un genre qui me parle à 100%. L’univers cinéma dans ses clips, c’est une réelle invitation à étendre l’esprit cinématographique dans l’expression visuelle générale. C’est aussi pour ça qu’on est si proches, on partage cette même ambition.
7C : On t’a vu récemment comme assistant réal de Kamerameha, Sophiane dont tu parlais plus tôt, sur le clip de Petrouchka. Qu’est-ce que tu peux nous dire sur cette connexion et ce que ça a pu t’apporter de travailler avec un grand nom comme lui ?
Y : Je l’ai rencontré sur un clip de L’Afaf où il était réalisateur et moi photographe sur le plateau. La connexion s’est faite facilement, il a beaucoup aimé les photos que j’avais prises. Il était hyper humain et sans prise de tête. Après ce clip il m’a proposé de faire des photos pour sa marque de vêtements, ensuite pour une de ses interviews, etc… Un jour il me dit “Mais t’es chef opérateur en fait toi?” et depuis on bosse tout le temps ensemble sur les projets de l’un et de l’autre. C’est vraiment quelqu’un d’important pour moi et qui m’a fait confiance.
7C : Et au final, tu préfères travailler en solo ou t’aspires à une équipe fixe avec toi?
Y : En vrai j’peux faire les deux mais j’aime vraiment travailler avec Sophiane. Il charbonne grave, un synopsis que j’écris en une semaine lui il en a pour deux jours. Il a des idées de fou.. J’ai créé une boîte de créatifs qui s’appelle C’est Carré Films avec mes potes et associés Gil Goncalves (Directeur artistique, 1er assistant réal et typographe) et Simon Partouche (Directeur artistique, 1er assistant chef opérateur). On réfléchit à des projets ensemble et on collabore parfois avec Sophiane.
7C : C’est quoi tes projets pour la suite ?
Y : Là on a prévu des courts-métrages où Sophiane est réalisateur. On a aussi monté V-lock Films, une boîte de production avec Sophiane et Nizar (Directeur artistique d’Uzi). Je veux toujours alimenter mes réalisations photos. Et maintenant l’objectif, c’est d’intervenir sur un long métrage bien sûr.