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Le Rap Français se délocalise – Le cas du Rap Belge

Le Rap Français se délocalise – Le cas du Rap Belge

Ouvrez vos cahiers d’Histoire-Géo ; on parle de délocalisation.

Déjà il faut actualiser un terme important ; le Rap Français c’est fini, on passe au Rap Francophone. Le Rap Francophone devient ce que l’auditeur écoute, il contient le Rap Français, Belge, Suisse, etc… Tout le Rap écrit et interprété en Français quoi. Jusque là ça va.

Il fût un temps ; pendant un très long moment, le Rap Français (à cette période) se résumait principalement à la région parisienne et à Marseille. Ce qui n’est par ailleurs pas étonnant ; ce sont ces deux grandes capitales du Rap qui ont amené l’émergence de cette musique. Porté par de grands rappeurs et de grands groupes, cela a ouvert les portes du Rap. Pour ne citer qu’eux, on pense assez logiquement à NTM, Arsenik, Minister Amer, Lunatic, la Fonky Family, IAM ou encore 3ème Œil.

Bon là on parle de la fin des années 90 mais par la suite on a sensiblement affaire à la même chose. Cependant ; petit à petit, en évoluant le Rap s’ouvre à d’autres zones géographiques. On pense cette fois au Havre avec Medine, Caen avec Orelsan ou encore Blois avec Niro. D’ailleurs ; quand il a commencé à être bien exposé, j’ai le souvenir que la question se posait de savoir si oui ou non il était encore important de venir de Paris (ou de Marseille) pour faire du Rap en France. Bon non ; bien sûr que non, mais la question avait de bonnes raison d’être posée.

Mais depuis quelques années, et en particulier depuis quelques mois, le Rap Français a ouvert ses frontières. Si bien qu’on écoute certains gros sons d’artistes en pleine ascension sans savoir qu’il s’agit de mc’s belges  par exemple. On peut penser à Damso, Shay, Caballero ou Jean Jass pour la Belgique, Di-Meh ou Makala pour la Suisse. Pour le Luxembourg, on peut penser à Louvar ou Godié avec les Rap Contenders.

Ne pensant pas avoir assez de matériel pour consacrer un article entier au Rap Belge je vais en profiter pour en faire un paragraphe ici. Je trouve ; et c’est un avis partagé par certaines personnes que je côtoie, que le Rap Belge parvient vraiment à s’encrer dans le paysage du Rap Francophone avec une forte identité.

C’est en écoutant le morceau Bruxelles Arrive de Roméo Elvis et Caballero que je m’en suis rendu compte. Sans pouvoir l’expliquer, je trouve que ce Rap a une particularité. On peut assimiler Caballero aux gars de L’entourage et Damso à Booba évidemment, mais au-delà de ça il y’a une appartenance à part. Ils appartiennent à cette case qu’est le Rap Francophone mais au-delà de ça encore une fois, le fait que ce soit du Rap Belge permet peut être inconsciemment de bien le distinguer du Rap Français.

En rédigeant l’article j’ai regardé une interview de Roméo Elvis pour Radio Nova dans laquelle il explique ; en ce qui concerne l’égotrip et l’absence de sérieux (par moment), que le Rap Belge n’a pas le passif du Rap Français. C’est une idée super intéressante. Encore une fois c’est quelque chose qui est sûrement inconscient mais il y a moins de pression de la part de ces rappeurs puisqu’il n’y a pas ce respect que les rappeurs français se doivent d’avoir envers l’histoire du Rap Français. Objectivement le Rap Belge n’a pas une réelle histoire donc il y a forcément plus de liberté de la part de ses acteurs. En France, beaucoup d’auditeurs ayant suivi l’évolution de cette musique depuis ses débuts pensent que les jeunes rappeurs déshonorent ce qui a été fait à cause de l’utilisation de nouvelle technique d’écriture, ou du choix des instrus et/ou des effets de voix par exemple. C’est exactement ce qu’on ne retrouve pas en Belgique et qui d’une certaine manière accorde plus de liberté aux artistes. Du moins… C’est comme ça que je l’ai interprété.

Alors bien sûr le Rap Belge n’est pas né avec Caballero et Damso, les connaisseurs et les fans me parleront de James Deano, Scylla ou même Benny B pour les plus anciens. Mais t’as saisi l’idée.

Donc voilà, le Rap Français s’est ouvert et cela apporte une richesse encore plus grande à cette musique. Bien que ce soit la même langue ca ajoute de la matière et des ambiances différentes. Pour je ne sais quelle raison c’est quelque chose que je ressens particulièrement avec Caballero et Jean Jass ; notamment sur leur projet Double Hélice que je conseille fortement à ceux qui ne l’ont pas écouté.