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Furax Barbarossa – Testa Nera

Furax Barbarossa – Testa Nera

Avant d’entrer dans les limbes de l’album, on va d’abord revenir sur le personnage de Furax Barbarossa. Il va emménager dans la petite ville de Toulouse alors qu’il était assez jeune. Une fois installé, il multipliera les concerts, les opens mics, les radios et les freestyles. Je vous invite d’ailleurs à aller écouter le titre J’oublierai Pas. Présent sur son Black Album, c’est un morceau fleuve qui résume très bien cette époque. 

Par la suite, les projets s’enchaîneront jusqu’à ce qu’en 2010, un conflit éclate au sein de son groupe Polychrome. Quelques temps plus tard, Furax Bararossa sera à la tête de Bastard Prod, une belle famille qui rassemble des beatmakers, des MC et des managers de la ville rose : Toxine, Sendo, Abrazif et 10vers.

Par rapport à son nom d’artiste, les plus perspicaces d’entre vous auront fait le lien avec le célèbre pirate Barberousse. Il racontait dans diverses interviews qu’il aimait la voix et le caractère du personnage originel. C’est donc évidemment parce qu’il se reconnaissait en lui qu’il a opté pour ce joli sobriquet. Aujourd’hui, on va revenir sur son quatrième album qui est, à mon humble avis, le plus abouti de sa carrière. Initialement, il était annoncé en 2012 mais il va rencontrer des problèmes techniques, ce qui repoussera la sortie de l’album de deux ans supplémentaires…

Le projet comporte dix-sept titres et s’intitule Testa Nera. Comme il l’a déjà expliqué à nos confrères du Bon Son :

J’ai appelé cet album « Testa Nera » car ce qui se passe dans ma tête tous les jours est plus noir et sombre que lumineux et gai.

(On vous a mis l’itw en-dessous)

A titre personnel, je connaissais Furax grâce aux collaborations et aux freestyles qu’il avait pu faire sur les albums de divers artistes (tels que son grand ami Scylla ou encore Demi Portion). En revanche, Testa Nera, c’était la première fois que je l’entendais sur un projet entier.  Ce qui attire l’oreille, c’est son style marginal et son timbre de voix très singulier. Les textes sont très sombres, les instrus assez moroses, on est vraiment dans les abysses de son esprit. J’suis sûr que c’est ce que les Tortues Ninja écoutaient pour s’entraîner dans les égouts avec Splinter. Avant d’appuyer sur « Lecture », oubliez toute once d’enthousiasme, de naïveté et laissez-vous entraîner dans les catacombes.

Une écriture brute et sans artifice. 

Dès les premières secondes, le sample du film Signé Furax annonce la couleur de l’album. On comprend vite qu’on est pas là pour du rap édulcoré.

Tout au long de l’album, les thèmes sont variés et traités d’une manière intéressante et incisive. Parmi les différentes pépites, on retrouve un morceau puissant évoquant l’aspect à la fois libérateur et destructeur de l’alcoolisme. Le Chant des Hommes Saouls est un morceau qui marque beaucoup, il est surprenant et très apaisant. Habituellement, dans le rap (ou dans la vie quotidienne), on a l’habitude d’associer l’alcool avec l’image de la fête et de l’euphorie. Cependant ici, on est vraiment aux antipodes. les images décrites sont poignantes et me font penser à la lecture d’un script dans lequel auraient pu jouer Belmondo et Jean Gabin (l’acteur, pas le rappeur). En fait, cet album c’est l’Upside Down, Furax prend les choses à contre-pied et nous décrit ce qu’on peut voir au quotidien mais avec un oeil beaucoup plus sombre.

Par exemple, quand on décrit le monde à un enfant, en général, on évite d’évoquer ses travers et ses immondices (cf le morceau Tout Va Bien). Dans Oubliez-moi, il met de côté le bon sens et lui raconte la réalité, d’une manière crue et en opposition avec ce qu’on a pu lui raconter.

Pour les collaborations, Furax s’est naturellement allié avec son compère belge, Scylla, que l’on retrouve sur deux titres. Leurs voix respectives, à la fois puissantes et percutantes, créent une alchimie très brute et appréciable. Ce n’est pas la première fois qu’ils rappent ensemble. On retrouve d’ailleurs beaucoup de points communs dans les plumes et le style de chacun. Par ricochet, si vous appréciez l’un, vous aimerez l’autre.

Scylla n’est pas l’unique featuring, Furax a aussi invité des artistes du même univers et de la même teinte que lui. Au delà du côté artistique, Jeff le Nerf, L’Hexaler ou encore Sendo sont ses amis compagnons d’équipage. 

Pour terminer, j’ajouterai que Testa Nera, c’est une valeur sûre. Je vous conseille vraiment de vous y plonger car l’album n’a pas vieilli et reste toujours aussi appréciable. De plus, on retrouve même de très douces mélodies de piano pour habiller et accompagner la voix grave et rauque de Furax. Âmes pures et/ou sensibles s’abstenir car l’atmosphère sera lourde et pesante. Les instrus boom bap, souvent accompagnées de violon ou de piano, collent vraiment au personnage de Furax Barbarossa. Allez, un Jagger pour le pianiste et bonne écoute.