Mac Miller – Swimming
Si vous commencez par lire cet article et que vous voulez en savoir plus sur le background et l’atmosphère dans laquelle a été conçu le projet, je vous recommande de cliquer ici.
Commençons sans plus tarder à entrer dans ce projet. S’il porte le nom de Swimming, ça n’a rien à voir avec la natation ou avec le fait qu’il ait pu prendre des cours de piscine quand il était gosse. C’est surtout une métaphore avec la situation qu’il traversait. Comme je le disais dans l’article hier, il s’est fait brisé le cœur, s’est retrouvé seul à nouveau avec ses démons et désormais il semble aller mieux. Faut vraiment visualiser le truc : Imaginez-le être au fond de l’océan (ou d’une piscine) et petit à petit, il nage vers le haut et il se rapproche peu à peu de la surface. C’est même ce que la pochette sous-entend avec la métaphore de l’avion.
Et bah cet album, c’est la mise en musique de ça juste avant qu’il sorte la tête de l’eau. L’image est belle et le projet est plein de jeux de mots autour de la notion de l’eau.
« I was drowning, but now I’m swimming
Mac Miller – Come Back To Earth.
Through stressful waters to relief »
D’ailleurs, hasard du destin : il se trouve que dans une de mes séries préférées, on retrouve d’ailleurs cette même métaphore. Dans l’incroyable épisode « Free Churro » (S05xE06), Bojack Horseman faisait le même parallèle en expliquant que dans sa famille de sociopathes, il existait aussi quelques rares moments où la vie ne ressemblait pas à un enfer. Je mets un lien là mais allez regarder cette série si c’est pas encore fait :
Ce dernier s’ouvre avec Come Back To Earth. C’est le premier titre et c’est même l’un des plus doux. L’ambiance est reposante, calme, on en vient même à se penser qu’il va mieux que ce qu’on aurait pu craindre. Cependant, on sent vite qu’il est tiraillé entre l’artiste qui veut aller mieux et l’artiste lucide sur sa situation.
« I wish it was nice out, but it looked like rain
Mac Miller – Come Back to Earth
Grey skies and I’m drifting, not living forever »
Malgré tout, la teinte globale du reste de l’album est douce et légère. Cependant, on remarque vite au fil de l’album qu’il est aussi plus soucieux. En fait, il a le comportement d’un mec qui tente de se rassurer en se disant que ça ira mieux plus tard. Justement, quelques morceaux plus tard, on retrouve des sons très lumineux et très dansants comme What’s The Use. Morceau assez funky et dansant, dans la même vibe que ses collaborations avec Anderson .Paak. La basse est d’ailleurs incroyable et ce qui est remarquable, c’est qu’il parvient à évoquer ses problèmes d’alcool tout en faisant danser ta grand-mère (le fait que Snoop soit présent sur le refrain y joue).
Après les douceurs sucrées et chaloupées, l’ambiance redevient d’un coup plus mélancolique. J’extrapole sûrement mais le fait que les chansons joyeuses et les chansons mélancotristes se succèdent peuvent être un reflet de ce qui se passait à l’époque dans son crâne. Au-delà de ça, c’est aussi une facette de la dépression. Le vice, c’est qu’une personne souffrant de dépression subit justement ces montagnes russes. Dans le projet, on est en plein dedans.
Même s’il explique qu’il se soigne et qu’il tente de se concentrer sur lui-même. Dans Swimming, il évoque ses démons mais aussi la pression médiatique qu’il a pu subir après sa séparation avec Ariana Grande (ce qui n’a pas arrangé son cas). En tout cas, il se livre à 200% et de toute sa discographie, c’est sûrement son album le plus cathartique mais aussi le plus révélateur de son état mental. Par exemple, dans Self Care, lorsqu’il expliquait qu’il se sentait enfin mieux malgré des épreuves plus que complexes, on sent que c’est réel. Il semblait même rassurant et plein d’espoir pour l’avenir.
« I ain’t feelin’ broken no more »
Mac Miller – Wings.
Les morceaux mêlent donc espoir et introspection mais surtout les addictions (alcool & drogue) et l’ombre de son ex-femme planent vraiment sur le projet. A tel point qu’il va même faire le morceau Her où il fait un réel parallèle entre les deux. Mais avant de clore l’album, on retrouve aussi un morceau, à la fois plein de nostalgie et en même temps mélancoliquement très beau : 2009. Dans ce titre, il se remémore la période de 2009, aka avant même qu’il sorte la mixtape KIDS. La manière dont il parvient à cristalliser l’instant qui précède son succès commercial et notamment avant qu’il se prenne de plein fouet la rafale qu’est la célébrité est très deep.
« It ain’t 2009 no more and sometimes I wish I took a simpler route
Mac Miller – 2009
Instead of havin’ demons that’s as big as my house »
Pour conclure, l’album Swimming n’est pas l’album le plus innovant ou le plus révolutionnaire dans sa composition. On retrouve pas spécialement de thèmes novateurs car ce n’est pas le but recherché. C’est plutôt un’album intimiste et thérapeutique à l’instar du projet 17 d’XXXtentacion. Le projet d’ailleurs psychologiquement très intéressant car l’album nous fait traverser beaucoup de stades émotionnels, vacillant entre l’envie de s’en sortir et les « rechutes » dans ses vieux démons. On comprend bien que sa dépression n’était pas un spleen incessant mais plutôt une sorte d’instabilité émotionnelle en montagne russe. Pour terminer, vu que j’ai un ego démesuré, je vais m’autociter car ce que j’avais dit sur l’album s’applique parfaitement ici:
» Au fil de la lecture de cette chronique, on pourrait se dire que l’album est répétitif ou bien qu’il tourne toujours autour des mêmes sujets. C’est pas tout à fait vrai mais c’est pas totalement faux. L’album est tellement profond qu’à l’écoute, on n’a pas ce sentiment de redondance. En réalité, c’est pas le genre d’album où l’artiste passe juste son temps à se plaindre ou à se lamenter sur les mêmes instrumentales. En revanche dans 17, X met sur papier tout ce qu’il a sur le cœur et on ne peut qu’être touché par la beauté et par l’intimité des émotions qu’il parvient à créer. «
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