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Falcko, un Rap visuel et auditif

Falcko, un Rap visuel et auditif

Falcko est un rappeur parisien, connu depuis une dizaine d’années. Du plus loin que je me souvienne, le premier morceau que j’ai pu entendre, c’était Princesse du Ghetto. C’était l’hymne du grand frère bienveillant envers sa petite sœur grandissant trop vite. Le genre de morceau qui reste bien en tête avec des punchlines qui restent en tête.

La force de Falcko ne réside pas spécialement dans un rap très littéraire. Avec lui, on est plutôt dans un rap très visuel. Ecouter un album de Falcko reviendrait à regarder un film sans le regarder (les yeux fermés pour faire plus simple). Malgré l’image prédominante d’un rap « street »/hardcore, il arrive à l’imager de telle sorte qu’il parvient à parler à tous. Ses histoires sont facilement transposables et tout le monde peut le comprendre. En soi, c’est pas nécessaire d’être un dealer de Sevran pour pouvoir regarder American Gangster ou Boyz’n the Hood. C’est pas non plus nécessaire d’avoir connu la vie de la rue, des armes et des drogues pour écouter un album de Falcko. Malgré tout, le langage reste assez cru et justement assez street, pour un rap de tess. C’est bien normal, il est d’ailleurs à l’origine d’une série de projets nommés Conte de Tess » dont le quatrième volume est sorti en mars 2016.

Dans ses différents projets, on ressent une dualité, notamment dans A visage découvert III de l’album Conte de Tess 3. A base de discours avec un ami, il explique son implication dans le trafic et son envie compliquée d’en sortir. Plus encore, dans Ange et Démon, du même projet on ressent cette confrontation au sein de son esprit dans lequel Ange et Démon luttent. D’un côté, le « côté Ange » tente de le ramener à la raison alors que son côté Démon lui dit : 

Le mal te ronge alors suis moi, jusqu’au bout de l’enfer ».

Cette dualité est d’ailleurs souvent présente chez Falcko. En vrai, quand t’écoutes Falcko c’est bien simple, t’as envie de niquer des mères. Plus sérieusement, un langage énervé, un regard énervé, des paroles énervées, des thèmes énervés. Impossible de s’endormir paisiblement en l’écoutant. Pourtant, au milieu d’une dizaine de titres sur la trahison, la bicrave et la haine, on retrouve quand même quelques sons plus doux. 

D’ailleurs, en plus d’écrire de manière « cinématographique », il y a un détail atypique avec Falcko: Le choix de ses intros et de ses outros. Toujours tirée de scènes de films, on retiendra notamment l’intro de Conte de Tess 3 avec un passage du film Reservoir Dogs mais aussi un extrait du monologue de Tyler Durden dans le morceau Conte de Tess. En effet, le monologue critiquant la société actuel laissant peu de place aux jeunes, « les enfants oubliés de l’histoire » se mélange bien au morceau.

Lorsqu’on plonge dans un de ses albums, on se lance véritablement dans une série, avec des événements liés ou non entre eux mais on sent un album vivant, loin d’un album avec de simples morceaux à thèmes et d’autres plus egotrip. Falcko fait partie des premiers artistes que j’ai écouté avec Nessbeal. Je l’affectionne particulièrement et d’ailleurs j’ai eu la chance de l’interviewer. Pour la lire, cliquez ici.