Djalito, confiance & ascension
En ce 19 mars 2021, Djalito envoie la première pierre d’une carrière qu’on lui souhaite aussi solide que son arrivée dans le jeu. Depuis près d’un an il ne cesse d’apparaître régulièrement avec sa série de freestyles En Règle, jusqu’à ce projet : Peinard et Confiant. Un 14 titres sur lequel l’artiste prouve qu’il faudra compter sur lui.
Percutant et incisif dès l’intro, sur une prod aux allures macabres, il confirme ce qu’il avait peu à peu mis en place, dans l’écriture comme dans le maniement des flows. Rapidement la notion de hess revient dans sa bouche, et on verra tout au long du projet que la volonté et le devoir de réussir sont au premier plan chez Djalito. Sans faire de lui un artiste rêvant de brûler les étapes, il a une volonté, un objectif qu’il fera tout pour atteindre ; tout en confiance donc. Confiance et aisance pour l’artiste qui déroulent sur les 3-4 premiers titres, consolidant le socle solide auquel il nous avait habitué, mais ce projet va plus loin par les tentatives d’ouverture qu’il cherche à mettre en place. A ce titre Mauvais s’installe comme un morceau qu’on a déjà hâte d’écouter cet été au volant. Et loin de moi l’idée de mettre en avant Mauvais comme un single festif sans autre ambition, Djalito maintient ici un intérêt certain dans l’écriture et explore son mauvais côté, ses envies de paix tout en gardant un œil dirigé vers un lendemain plus favorable.
Parmi les tentatives d’ouverture, d’évolution, on note le très bel enchaînement Avalanche / Passionné. Le premier, musicalement plus doux marque par la capacité de l’artiste à ouvrir son cœur et sa personnalité. Un refrain chanté, complété par un débit constant sur un flow finement travaillé aux couplets. Le second frappe quant à lui pour le cri d’alerte d’un artiste en pleine possession de l’univers qu’il s’est construit, façonné dans la hess comme il le rappelle lui-même. On retrouve le Djalito impactant, incisif dont je parlais plus haut, un Djalito qui commence à atteindre ses objectifs. Et dans l’interprétation, il parvient à nous rappeler un certain Niro, qu’on retrouve justement sur le titre suivant.
Un lien de filiation évident semble opérer, si dans la voix et l’intensité les deux artistes semblent extrêmement proche, dans la narration c’est également le cas, ce qui en fait une connexion des plus logiques en ce début d’année. Propre fait office de terrain de jeu pour les deux artistes, une prod vraisemblablement signée.. Niro lui-même, chacun se rend coup pour coup avec le sourire, c’est toujours le mot d’ordre ; peinard et confiant. Wawa en featuring avec Guy2bezbar vient compléter la liste d’invités, on l’a vu récemment sur le projet de Coyote Jo Bastard puis sur celui d’Hamza, il continue de séduire par ses placements et l’insolence dont il fait preuve au micro. Les deux titres en feat se présentent comme des temps morts dans ce projet, un instant de récréation pour Djalito qui s’amuse réellement sur ce genre de titres. Ce genre de connexions met en avant la façon par laquelle cet artiste parvient toujours à incruster dans ses textes quelques phases qui ont l’art de nous faire réagir, sourire, ou cogiter, dans Nouveau, l’ingé pourra confirmer. Représentation précise de ce que doit être une punchline, il parvient à les glisser de la plus juste des manières pour garder en pertinence, en cohérence, et sans en abuser.
Enfin, comment ne pas parler des deux titres qui viennent clôturer le projet ? Particulièrement Scellé qui nous offre un Djalito plus ouvert que tout ce qu’il nous a permis d’écouter jusque-là. Si on a fini par comprendre qu’il savait hurler sa rage au micro, il est particulièrement plaisant de l’entendre sur ces quelques notes de piano. Face au passé, aux déceptions, et encore une fois, face à l’envie et la volonté profonde d’aller plus loin, de pouvoir tout acheter sans guetter le prix, et de briser ses adversaires comme Sub-Zero. Et finalement, s’il ne se démarque pas par les thématiques qu’il aborde dans sa musique et qu’il ne brille pas d’originalité sur ce point ; et en même temps comment lui en vouloir, c’est davantage sur la forme qu’il gagne en pertinence selon moi. Les cris de rages, les maux incarnés par une voix traduisant un tas d’émotions, c’est ce qui fait de Djalito un artiste qui a tout pour se démarquer.
Un premier projet véritablement complet pour cet artiste du 10ème arrondissement, idéal pour attirer encore plus de lumière autour de son nom, on lui souhaite le meilleur en espérant que cette confiance finisse par payer pour un Djalito plus déterminé que jamais.