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2020, place aux  jeunes artistes

2020, place aux jeunes artistes

Sur les réseaux sociaux, beaucoup se plaignent d’un travail incomplet de la part des médias à propos de la découverte de jeunes artistes. C’est relativement faux et surtout rien n’empêche le public d’aller digger par lui-même et être à l’origine de la propagande de tel ou tel autre nouvel artiste. Cependant, de loin il peut être compliqué pour les auditeurs de percevoir ce qui est mis en place et surtout cela reste compliqué de prendre le temps de chercher à faire des découvertes. Mais en 2020, de nombreux médias et autres projets permettent de faire des découvertes. Voyons donc ici, la place existante pour les artistes en développement, futurs rookies et débutants.

SUCCESSORS

Lancé au courant du mois de mai, SUCCESSORS est une chaîne YouTube mettant en avant ces artistes justement. Projet porté par @1118Vinzy que vous déjà certainement vu passer dans vos fils d’actualité Twitter, cela sert de premier tampon de qualité aux artistes présents chez SUCCESSORS. Tout est dit dans la bio du compte Twitter ; il s’agit d’une chaîne proposant la “découverte des talents rap et r’n’b de demain”. Et c’est justement ce qu’on y retrouve. Partagé en 5 catégories, SUCCESSORS propose alors : L’Oreiller, La Platine, Le Hall, Le Lampadaire et Le Pinceau. Par exemple ; vous l’aurez compris, Le Hall propose une musique bien plus énervée alors que Le Lampadaire offre des morceaux plus doux et teintés de mélancolie. Chacune de ces catégories et les playlists (youtube pour le moment) qui en découlent s’inscrivent dans un univers y correspondant. 

En bref, une initiative intéressante qui permettra d’offrir davantage de visibilité à des artistes talentueux. C’est d’ailleurs le seul critère de sélection annoncé, le talent. Le réel avantage de SUCCESSORS est qu’il ne s’agit pas d’un média et de tout ce que cela engendre (ligne éditoriale, avalanche de contenus divers et variés, etc..). En ce sens, il s’agirait alors de voir la chaîne YouTube comme une alternative à SoundCloud où de nombreux artistes affinent leurs univers. Pour voir plus large, cela peut même rappeler Haute Culture lorsqu’on pouvait y trouver facilement des mixtapes de jeunes rappeurs toutes plus réussies les unes que les autres. En proposant des morceaux inédits et amenés à être sélectionnés par l’équipe du Channel, il y a la garantie de toucher un public à la recherche de nouveaux artistes à placer dans leurs playlists. S’il est dur de se faire un nom et une fanbase, ici il est certain de toucher des auditeurs curieux et avides de découvertes.

Reste à voir comment sera amené à évoluer SUCCESSORS. A l’heure où je rédige cet article, 8 morceaux sont disponibles et on ne peut que souligner un énorme travail au niveau de la sélection. Chaque thématique annoncée est évidemment respectée et si tous les morceaux sont vraiment bons, chacun pourra s’orienter vers un mood précis selon ses attentes.

LES MEDIAS

On en a parlé en introduction, beaucoup reprochent aux médias de mal faire leur travail quant à la découverte et à la mise en avant de jeunes artistes. C’est beaucoup plus complexe et souvent faux. La musique est un marché et forcément cela engendre des jeux de pouvoirs similaires à d’autres industries. On retrouve donc des problématiques liées aux influences d’un artiste, d’un label voire même des relations avec les attachés de presse. Selon l’influence du média également, la façon dont le business fonctionne laisse forcément moins de place à des artistes en expansion. 

Dans cette case nous sommes nombreux à porter un intérêt tout particulier à ceux qui ont le potentiel pour constituer le paysage du Rap Français dans les années à venir. Malgré tout, l’argent continue d’avoir un rôle décisionnaire vraiment important. De plus, si beaucoup de demandes de relais passent par des attachés de presse, cela facilite à la fois le travail de recherche mais aussi de diffusion. Dans un mail rédigé par une agence spécialement formée pour ; et souvent accompagné d’un kit presse, un artiste peut rapidement devenir plus attractif qu’une demande de relai en message privé sur Instagram. Cependant les demandes restent très nombreuses et il peut être difficile de prêter une oreille à chaque morceau reçu.

Il y a forcément un rapport à l’ampleur que peut prendre un média. De notre point de vue, il est bien plus logique de s’intéresser à la découverte de jeunes artistes sachant que les médias les plus implantés s’axent davantage sur des rappeurs plus mainstream. Il faut donc comprendre qu’il s’agit surtout de choix et de lignes éditoriales établies. Par exemple, de notre côté cela passe par la mise en avant de projets ou d’artistes sous forme d’articles ou bien d’interviews.On peut également parler de notre collaboration avec la plateforme Groover spécialisée dans l’intermédiation entre les médias et les artistes. Cela permet notamment de contribuer à la découverte de jeunes artistes. 


Conscient de la présence d’une flopée de jeunes talents, on tient à garder un oeil sur cette scène plus underground, et à ce jeu, on est loin d’être les seuls. L’équipe de 6ème Sens by Trill$hit a d’ailleurs entièrement axé sa ligne éditoriale autour de ces jeunes artistes. Très tôt, ils se sont mis à parler d’un rappeur comme 8Ruki par exemple, jusqu’à le rencontrer au détour d’un format vidéo, de même pour Retro X ou encore 7 Jaws bien avant vos médias préférés. A propos des artistes de demain donc, mais surtout d’une scène relativement peu mise en avant. C’est évidemment une bonne initiative à saluer surtout que parler d’artistes inconnus ou presque du grand public pourrait être perçu comme une balle dans le pied. Et c’est ici que les critiques de certains auditeurs perdent en sens. Le public n’est pas toujours habitué à creuser et à aller chercher de lui-même de nouvelles découvertes. En ne s’intéressant qu’aux artistes du moment, il y a forcément moins de place pour un ou une artistes talentueux(se) qui fait “que” 50K vues. C’est la raison pour laquelle la présence de ce genre de médias est primordiale “pour la culture”. Le travail des équipes comme celle de 6ème Sens ou bien même Murmure est donc forcément plus complexe. Trouver la perle rare et surtout, réussir à faire en sorte que le public s’y intéresse n’est pas chose aisée. D’autant plus qu’il est compliqué de pouvoir prêter une oreille à tout ce qui sort.

Dans ce game, 1863 se place de façon affirmée et avec une réussite certaine. Présent depuis près d’un an, le média n’a cessé de croître, s’offrant par la même occasion une fanbase extrêmement fidèle, avide d’échanges et de découvertes. Régulièrement, on peut retrouver par le biais de simples tweets une mise en avant de jeunes artistes talentueux et aux univers affirmés. C’est d’ailleurs ce qui fonctionne peut-être le plus, si justement il s’agit de simples tweets c’est parce qu’ils sont parvenus à tirer le meilleur des réseaux sociaux. Avec les gens qui les suivent et la capacité de générer de la curiosité, ces différents messages à propos de rappeurs relativement underground fonctionnent à chaque fois. Si ces artistes parviennent à récupérer de nouveaux auditeurs alors le pari est réussi. Cela place donc 1863 comme un acteur de plus en plus majeur de la mise en lumière d’artistes prometteurs et talentueux.

Enfin, comment ne pas parler de Raplume et de leurs projets ? En Août 2018, sortait la mixtape Plume. Moins de deux ans plus tard, l’expérience est renouvelée avec cette fois une communauté bien plus grande et surtout avec plus d’ambition. Exit la mixtape, voici la sortie d’un véritable album : Le chant des Oiseaux. Si le projet jouit de façon évidente de la présence d’artistes bien implantés (Dinos, Jok’air ou encore Usky), il propose surtout au public de découvrir un panel large de jeunes artistes. D’ailleurs, pour souligner une nouvelle fois la pertinence de la sélection de 6ème Sens by Trill$hit, on retrouve justement P-Dro à la fin de l’album.

On l’a dit, il s’agit d’un album, ce qui amène donc énormément de cohérence et il ne s’agit pas simplement d’une playlist de 15 titres. De l’intro porté par HZY et Danyl (qu’on affectionne d’ailleurs particulièrement), à l’outro de Usky et en passant par l’interlude, on sent une construction bien pensée et vraiment travaillée. Une nouvelle fois, le statut de la majorité des artistes amènera l’auditeur à tisser des liens particuliers à ces rookies. Par exemple, le morceau Yakuza de Hotel Paradisio a particulièrement retenu notre attention et nous savons qu’il sera intéressant de creuser autour de ce que le rappeur a à proposer. Nul doute que ce phénomène a opéré auprès de l’ensemble des auditeurs.

D’ailleurs, Alvaro (fondateur de Raplume, ndlr) exposait dans un tweet daté du 29 mai que 4 des 15 morceaux du projet avaient dépassé les 100k d’écoutes sur Spotify. Ce chiffre est réellement significatif de la portée de l’album et surtout de son succès.  Avec autant d’artistes, connus et moins connus, de tels chiffres sont impressionnants et inspirants pour la suite. Cela montre que le public est prêt à suivre dès lors que le talent est présent.
Si une telle initiative a fonctionné pour Raplume, cela peut donc se décliner par tous les acteurs du milieu et ce, sous différents formats. La preuve avec les quelques exemples que nous avons pu citer (et il y en a bien sûr plein d’autres).


Face au constat d’un manque de représentation de jeunes artistes dans les médias, force est de constater que c’est au final, relativement plus compliqué. Même le plus grand média Rap actuel tente de mettre la lumière à sa manière sur la jeune génération (11 rappeurs à suivre, Wesh, etc…). Fort heureusement, des initiatives et des projets se multiplient de toute part. Si certains comme Martin Vachiery se permettent de rire du travail des « Médias Rap Twitter », on ne peut que constater que ces mêmes médias, proposent souvent un réel travail. L’offre est donc variée et, on ne peut que vous recommander d’aller suivre nos confrères comme @Moggopoly, @Gatherfr, @0reilleMusicale, @Backpackerz et tous ceux qu’on a pas pu citer.