Georgio et ses albums surprises
Georgio vient de nous dévoiler le très surprenant et non moins efficace J’en sais rien, un morceau qui, comme toujours, dénote de ce à quoi le rappeur nous a habitués. Pour l’occasion, revenons sur les différentes facettes de la discographie de l’artiste.
Originaire de Paris 18, le rappeur a fait ses premières armes aux côtés de grands noms de la scène Rap actuelle : Nekfeu, Lomepal et Vald pour les principaux. Depuis, il fait chemin seul, plus lentement que ses confrères de la première époque mais il se prépare une vraie palette artistique qui va payer sous peu.
Entre chaque projet, Georgio prend le temps de prendre du recul, de découvrir de nouvelles choses, et évolue, tant bien musicalement qu’humainement. Il ne s’impose pas de limites, et essaie de casser les codes. Ainsi, il a invité Angelo Folley, un producteur issu du milieu pop sur son dernier album, Héra, sorti en 2016. Ce dernier a notamment collaboré avec Christine and The Queens; il est donc habitué à créer des “hits”, ce qui a permis de rendre la musique de Georgio plus accessible auprès du grand public.
Faut être plus fort que les murs qui s’construisent autour de nous
A cette même époque, Georgio s’est teint les cheveux en vert, alors que l’ère du Soundcloud et toutes les fantaisies capillaires qui en découlent n’étaient pas encore ancrées dans le milieu. Ça peut paraître anecdotique, mais à l’époque, les couleurs de cheveux fantasques c’était réservé aux punks à chiens (ou aux lycéennes fan de Nirvana), mais certainement pas aux rappeurs.
Avant l’époque Héra, Georgio s’est risqué au chant pour son album Bleu Noir. Ainsi, on se retrouve avec un titre comme Rêveur, dans lequel il s’adresse à son frère footballer, et le pousse à aller au bout de ses rêves. Que l’on aime cette démarche ou non, savoir chanter est un atout de taille pour n’importe quel artiste : ça ouvre une dimension émotive, les textes prennent un autre sens et l’impact de ceux-ci est décuplé. Le kickage c’est bien, mais ça transmet bien moins l’émotion. C’est d’ailleurs souvent ce qu’on reproche aux rappeurs conscients, qui ont bien trop souvent tendance à tout miser sur le texte, au détriment de la musicalité.
Au delà de l’aspect musical, le plan marketing est intéressant : il a fait appel à ses fans pour financer le projet par le biais du crowdfunding, et ainsi, les impliquer dans la promo de son album.
Un an plus tôt, Georgio sort A l’abri, son dernier EP en date. C’est plutôt basique, sans réelle prise de risque, mais ça reste efficace. C’est maîtrisé, ce qui donne un bon projet, mais que l’on oublie vite, sans réel morceau clé. On y trouve tout de même un début de prise de risque artistique, sur Le Gardien, où il parle de sujet tabous, comme le travestisme et le suicide. Ce morceau a très sûrement ouvert la voie à Svetlana et Maïakovski, morceau parlant de la vie d’une prostituée, que l’on retrouvera quelques années après, sur Héra.
Quelques mois avant la sortie d’A l’Abri, Georgio avait déjà mis ses fans à contribution, comme il l’a fait pour son premier album, pour la mixtape Nouveau Souffle. Chaque semaine, il proposait sur son site de voter entre trois instrus, et enregistrait un son sur l’instru ayant récolté le plus de votes, puis clippait le morceau. Sur ce projet, on retrouve, entre-autres, la face B du banger Hell of a night, de Schoolboy Q; c’est vraiment pas l’instru la plus facile à maîtriser; c’est donc sans surprises que Georgio s’est cassé les dents sur ce track : commencer son morceau en disant qu’on a un corps de lâche, on a vu mieux. Cependant, le reste du projet est franchement bon, on y retrouve notamment le morceau Conclusion, qui est constitué de références à l’ensemble de ses morceaux; c’est pas donné à n’importe qui.
Encore un an avant sort Soleil d’hiver, avec Hologram Lo aux platines. Amis fans de rap indé, cet EP devrait vous plaire. A l’époque de la sortie de ce projet, on nous annonçait Georgio comme “la relève du vrai rap”. Il est vrai que c’est projet sonne très authentique, ça kicke, mais ça ne fait pas tout. En soit, l’écriture de Georgio n’a pas tant changé. Cet aspect “old-school”, on le doit a DJ Lo, et ses instrus “à l’ancienne”. Ce projet, bien qu’il ne soit pas le premier, est pour moi le point de départ réel de la carrière de Georgio. Il l’a lui même avoué à Fred Musa : c’est son premier projet professionnel, les premiers concerts… Si je devais ne garder qu’un projet de Georgio, je pense que ça serait celui-ci, notamment pour le son Saleté de rap. On y retrouve un Georgio mélancolique, déçu, qui semble dresser un constat amer de sa vie, entrecoupé d’un “qu’est ce que j’t’aime, saleté d’rap”. Chez Georgio, mais comme chez bien d’autres amateurs du genre, le rap est bien plus que de la simple musique. C’est une façon de s’évader, une issue de secours face aux galères de la vie.
Avant cela, Georgio a sorti deux mixtapes : Mon Prisme, et Une nuit blanche, des idées noires. Bien que ces projets soient bons, je ne vais pas me pencher dessus. Ils sont presque introuvables et n’ont pas très bien vieillis; mais si t’as l’occasion de les écouter, fonce, on y retrouve tout de même de très bons morceaux
Tu l’as donc compris, Georgio n’est pas le genre d’artiste qui sort deux fois le même album, quitte à dérouter ses fans de la première heure, un peu à la manière de Deen Burbigo, qui a lui même invité les nostalgiques de ses premiers morceaux à les écouter en boucle pour le restant de leurs jours, puisque cette époque est finie, et qu’il ne compte pas utiliser éternellement la même recette.
En attendant la sortie de XX5, je t’invite à re-découvrir ce freestyle mémorable de Georgio en compagnie de VALD, pour Daymolition
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