0
Interview de Lacraps

Interview de Lacraps

CUL7URE : On fait cette interview pour ton dernier projet en date : La salle du temps. C’est une trĂšs belle rĂ©fĂ©rence Ă  Dragon Ball Z. DĂ©jĂ  question trĂšs importante avant d’entrer dans le cƓur du projet : est-ce que pour toi Dragon Ball Z, c’est mieux que Naruto pour toi ?

Lacraps : Bah ouais, et de loin ! Tu prĂ©fĂšres Naruto ?

7C : Bah ouais, du coup j’suis trĂšs déçu. Mais bon, on va quand mĂȘme faire l’interview hein.

L : Non mais Naruto j’aime bien mais c’est peut-ĂȘtre plus enfantin mais j’ai tout regardĂ© par contre, hein! Sauf que DBZ, c’est mon enfance. et c’est peut-ĂȘtre le cĂŽtĂ© nostalgique qui parle. Il a une valeur sentimentale Son GokĂ».

7C : ForcĂ©ment et surtout avec tout ce qu’il reprĂ©sente. Du coup, t’as appelĂ© ton projet : La salle du temps. Dans le manga, Vegeta et GokĂ» s’y entraĂźnent avant le combat contre Cell, mais t’as aussi Trunks et Goten qui y vont pour affronter Buu mais toi, est-ce que t’as quelque chose Ă  affronter/surmonter ou t’as vu ce projet justement comme un entraĂźnement ? 

L : Je viens affronter le Rap Game. *rires* Non, en vrai, c’est juste qu’on s’Ă©tait enfermĂ©s pendant cinq jours et qu’on a fait les huit titres et les cinq clips c’était un peu un dĂ©lire dans ce sens lĂ , tu vois ? Je l’ai pris comme ça. C’est un truc qu’on a rĂ©flĂ©chi avec Daymolition. C’est plus un petit coucou pour dire « Salut, j’suis de retour! Â» avant de lancer l’album plutĂŽt qu’un vrai projet quoi.

7C : Ouais, parce que t’avais cinq jours pour composer et clipper cinq morceaux. Est-ce que t’avais besoin de ce « challenge » pour te mettre en difficultĂ© ?

L : Ouais, c’est exactement ça. J’aime bien les challenges, ça me plaĂźt d’avoir des impĂ©ratifs. J’pense qu’on travaille souvent mieux comme ça.

7C : D’ailleurs, sur la pochette y’a un gars de l’Équipe qui m’a fait remarquer qu’il y avait le palais de Dieu au-dessus de ton Ă©paule, du coup tu t’es vraiment grave butĂ© Ă  DBZ ?

L : Ouais bah oui hein, mĂȘme les teasers, je sais pas si tu les as vu..

7C : Je les ai vu et mĂȘme dans le Bootleg et dans Boom Bap 2.0 tu cites Trunks donc c’est vraiment des rĂ©fĂ©rences qui te suivent quoi. Puis y’a mĂȘme Sam’s sur le projet. Lui aussi c’est un bousillĂ© de mangas.

L : Mais oui, c’est un baisĂ© de Naruto, surtout. C’est un gros gros fan de Naruto.

7C : C’est bien, c’est ce qu’il faut ! Parce que la collab’ elle s’est faite comment ?

L : C’est par rapport Ă  Daymolition ; moi j’avais pas forcĂ©ment besoin de gens pour le projet mais on m’a demandĂ© si ça m’intĂ©ressait de faire un truc avec Sam’s. J’ai rĂ©pondu que j’étais chaud et ils lui ont proposĂ©, il Ă©tait chaud aussi et voilĂ , c’est aussi simple que ça.
Par contre Lasco c’est moi qui l’ai invitĂ©. Par des connexions mutuelles et j’aime bien ce qu’ils font les Tontons Flingueurs. Ils sont hyper forts dans l’Ă©quipe, surtout lui ; j’aime beaucoup son style. C’était assez simple.

7C : T’as chapeautĂ© tout ça avec Daymolition mais t’avais dĂ©jĂ  bossĂ© avec eux, non ?

L : Ouais j’avais fait un freestyle. En fait, je travaille avec Loko, dis-toi qu’il est derriĂšre les machines et derriĂšre ce projet ainsi que celui qui arrive. Et du coup, Daymolition avec qui on s’est associĂ©s sur ce projet.

7C : Et ça se passe comment alors ? Puisque t’as dĂ©jĂ  fait du montage de clips, tu leur fais entiĂšrement confiance ou t’as quand mĂȘme un regard sur ce qu’ils font ?

L : Non, non je leur fais grave confiance mais j’ai quand mĂȘme mon mot Ă  dire, tu vois. Au contraire, ils sont super forts, surtout quand tu vois ce qu’ils font.

7C : Ils sont super importants dans la culture du Rap Français, ils sont partout en vrai.

L : Ouais ils sont partout, aprĂšs y’a peut-ĂȘtre un peu trop de trucs sur leur chaĂźne. Parfois, j’pense qu’il y a des trucs qui se perdent puisque ça leur arrive de sortir dix vidĂ©os dans la journĂ©e. Mais j’ai de la chance qu’ils l’aient pas fait pour moi, Y’avait une vidĂ©o ou deux maximum qui sortaient en mĂȘme temps donc je pense qu’on a fait le truc cool. Mais j’suis content parce que ça tourne plus en streaming que sur les vidĂ©os, ça veut dire que les gens Ă©coutent les sons. La vidĂ©o c’est bien mais au final, c’est juste un prĂ©texte pour faire du son.

7C : La sĂ©rie de freestyle ça a bien marchĂ©. D’ailleurs, ça nous a mĂȘme fait penser Ă  Fianso, pas forcĂ©ment pour l’histoire du temps imparti mais plus pour le cĂŽtĂ© sĂ©rie de freestyles sur un projet. D’ailleurs tu le cites dans l’épisode 2, t’avais mĂȘme fait Rentre dans le Cercle. Du coup, toi c’est un mec avec lequel tu te verrais collaborer ?

L : Ouais c’est jouable, on en a dĂ©jĂ  parlĂ©. AprĂšs bon
 Je sais pas, c’est une question de calendrier. Le mec est busy, il est pris de ouf, théùtre, cinĂ©ma, tĂ©lĂ©, il va tout faire laisse tomber. Il est partout mais tant mieux, grande force Ă  lui, j’espĂšre que ça va durer pour lui, il a mis du temps Ă  arriver lĂ . Maintenant qu’il est installĂ©, je pense qu’il a compris qu’il fallait installer les siens et il le fait petit Ă  petit. Sa place, elle est mĂ©ritĂ©e, moi depuis longtemps, je le suis.

7C : CarrĂ©ment, puis pour revenir sur les feats, on a remarquĂ© que c’Ă©tait vraiment des connexions humaines avant tout. C’est pas juste des couplets en MP3 sur une clĂ© USB. C’est important ça pour toi ?

L : A fond, j’ai dĂ©jĂ  fait assez de feats avec des gens que je peux pas voir. Avant, je faisais plein de feats avec des gens, lĂ  y’en a plein que je regrette, je te dis la vĂ©ritĂ©. J’vais pas citer de noms, ça sert Ă  rien… Quoique je pourrai en vrai, je m’en bats les couilles.

7C : Vas-y hein, c’est ton interview, tu fais ce que tu veux hein. *rires*

L : Pour l’interview, ça fera du clic. *rires* Y’a pleins de rappeurs qui font des maniĂšres, laisse tomber. J’aurai mieux fait de pas mettre mes voix sur des couplets. Y’a des gens ils ont mĂȘme fait des T-shirts avec ma tĂȘte dessus sans me demander. Un son, j’ai posĂ© un 16 mesures ils en ont fait 5 remix pour le vendre sur un EP. Laisse tomber, les gens ils ont la dalle.

7C : Pour toi, c’est impossible de faire des feats avec des gens que t’aimes pas ?

L : Ça dĂ©pend si ça apporte quelque chose vraiment au son et qu’artistiquement, si le mec tue, Ă  la rigueur, ouais c’est possible. J’ai pas vraiment de barriĂšres sur ça, c’est-Ă -dire que si le mec est Ă  peu prĂšs correct, ça passe. Regarde Sam’s, on se connaissait pas, on m’a dit que c’Ă©tait un bon gars, on a parlĂ© une fois ou deux au studio, il a posĂ© son truc et voilĂ . Pas besoin de beaucoup plus, c’est que de la musique au final. Faut pas trop mettre de l’ego lĂ -dedans


7C : Parfois, y’a des gens tu les sens pas, ça peut arriver.

L : Exactement. C’est ça, le cĂŽtĂ© humain… J’aime bien qu’il y ait un minimum. MĂȘme si je sais qu’on est en train d’entrer des sphĂšres un peu diffĂ©rentes donc va falloir que j’essaye de mettre mon ego de cĂŽtĂ©…

7C : Petit Ă  petit, tu vas avoir des petits chanteurs pop sur tes morceaux.

Ouais, bientĂŽt Lacraps-Mika. *rires*

7C : D’ailleurs, tu te verrais Ă©crire pour des chanteurs pop ?

L : Ouais j’écris dĂ©jĂ  pour des gens, pas forcĂ©ment pop mais ouais un peu chantĂ© pour pas mal de gens. Mais on a pas le droit de dire pour qui, tu connais les contrats


7C : On va parler de tes rĂ©fĂ©rences un peu. C’est encore un truc que tu fais pas mal sur l’EP dans l’épisode 4, tu dis « Comme Zesau j’suis Dicidens Â» ou genre « Roi sans couronne comme Nessbeal Â». En tant que fan de Rap, ça touche mais en tant que mauvais journaliste, je vais te poser la question un peu nulle : est-ce qu’ils font partie de tes influences ?

L : Bien sĂ»r, Dicidens j’ai bien kiffĂ©, De Larmes et de sang avec Booba, c’est un gros classique du rap, pour moi. Mais ces derniers temps, j’suis plus influencĂ© par des Trap cainri, ou mĂȘme par des Ninho ou des gars comme ça. J’me dis il est chaud. Mais j’ai des bonnes rĂ©fĂ©rences en rap, j’suis un auditeur avant d’ĂȘtre un rappeur.

7C : Ouais c’est justement une de mes questions suivantes, c’est ultra prĂ©sent depuis tes premiers projets, le fait de namerdropper ce que t’écoutes ou ce que t’as Ă©coutĂ©. J’ai des souvenirs de toi qui sample du Lunatic, des X-Men ou du Nakk, y’avait mĂȘme quelques rĂ©fs Ă  Salif ou Ă  LIM..

L : Laisse tomber Salif, c’est mon daron. J’sais qu’il m’a beaucoup beaucoup influencĂ© dans le Rap.

7C : C’est lequel ton album prĂ©fĂ©rĂ© de Salif ?

L : Tous ensemble, chacun pour soi, je crois que c’est celui que je prĂ©fĂšre. Mais parce qu’Ă  l’époque oĂč je l’ai pris, c’était fou. Mais mon son prĂ©fĂ©rĂ©, c’est dans Boulogne Boy, c’est Une JournĂ©e en Enfer. Pour les gens, c’est mĂȘme pas son meilleur album, bah je trouve que c’est un des plus complets. Y’a aussi la mixtape Curriculum Vital que je trouve incroyable. Y’a plein de trucs comme ça oĂč je me dis qu’en fait le problĂšme, c’est qu’Ă  l’époque de IV My People, ils faisaient « sortir d’autres gens avant lui » et son dernier album, c’est produit par Canardo de A Ă  Z. Ça veut tout dire. J’ai rien contre personne et encore moins contre Canardo mais leurs styles ont rien Ă  faire ensemble. Ils ont fait le morceau Jean Slim quand mĂȘme, c’est le pire morceau. Salif [marque une pause] qui fait ça…

7C : Jean Slim, qui est sûrement le pire morceau de sa carriÚre.

L : C’est le pire morceau de sa vie. Ils l’ont fait pour faire un billet mais ça a mĂȘme encore moins marchĂ©. On ressentait que c’Ă©tait pas le Salif de d’habitude… En tout cas, moi je le ressentais). Y’a des sons dans cet album que j’adore clairement, mais bon… AprĂšs voilĂ  Canardo c’est pas mon truc, c’est des questions de goĂ»t.

7C : Ouais puis c’est comme Ärsenik, y’a deux Ă©coles entre ceux qui prĂ©fĂšrent Quelques Gouttes Suffisent et ceux qui prĂ©fĂšrent Quelque Chose a SurvĂ©cu…

L : J’sais pas, l’écriture de Lino quand mĂȘme… En plus, avec Calbo c’est des mecs super cools, j’leur ai dĂ©jĂ  fait des clips. C’est des mecs trop gentils. Lino, c’est un tueur, il fait golri de ouf et Calbo, il est trop gentil, pourtant on dirait un ours quand tu le vois avec sa grosse voix. Mais en vrai, il est trop cool. Ils sont toujours lĂ  avec les jeunes, non vraiment gros respect Ă  eux, c’est des vrais gars du mouvement.

7C : C’est totalement des pilliers, dans la « culture Hip Hop Française », ils sont extrĂȘmement importants.

L : J’suis totalement d’accord avec ça.

7C : Parce que toi avant d’ĂȘtre rappeur, t’es un gros consommateur de Rap. Tu sais y’a pleins de rappeurs qui disent qu’ils Ă©coutent pas la concurrence, toi t’Ă©coutes tout ce qui sort?

L : J’écoute tout, la playlist Punchlineurs sur Deezer, je la saigne, Fresh Rap sur Spotify, pareil. j’écoute tout ce qui sort. Tu peux pas juger quelqu’un si t’écoutes pas sa musique. Des mecs comme Ninho ou Nekfeu, ils ont des levels, mon gars
 Y’a pleins de mecs oĂč j’me dis « waouh, c’est des Ovnis ». Ce serait bĂȘte de dire que je suis pas influencĂ© par les autres. On est tous influencĂ©s par les autres entre ce qu’on dit, ce qu’on voit, ce qu’on entend..

7C : Parce que toi ça t’influence comment ? Ça doit ĂȘtre spĂ©cial d’ĂȘtre rappeur et auditeur en mĂȘme temps, non ?

L : Ouais aprĂšs tu vas pas m’entendre faire du Hamza demain, mais parfois j’écoute et je me dis que c’est intelligent. AprĂšs depuis le temps, je pense que y’a un truc oĂč faut que ma musique soit la mienne quoi, j’vais pas faire du copier-coller et me dire « Tiens, il a fait un son comme ça, je vais faire pareil, ça tue ».

7C : Non mais aprĂšs, tu peux, genre t’entends un placement ou quoi, t’arrĂȘter et te pencher dessus, tu vois.

L : Ah ouais non ça j’y arrive pas. J’ai du mal. Y’a des placements des fois je me dis « Non ça c’est le flow d’un autre lĂ  Â». J’entends ça tous les jours. Ils aiment bien reprendre la Trap Italienne en France. Ils reprennent tous Sfera Ebbasta. Hayce Lemsi, SCH c’est des pros de ça. Y’en a pleins ils reprennent des flows, mais quand je te dis exactement, c’est exactement. Sur le Wild Boy Remix avec Lacrim, Niro et tout bah y’a Hayce Lemsi justement et il reprend exactement le flow de Machine Gun Kelly. C’est plus un remix, c’est un copier-coller, ma gueule. *rires* Mais aprĂšs je retire pas le talent d’Hayce Lemsi attention, y’a plein d’artistes qui font ça, hein. AprĂšs quand y’a des mecs en major quand tu leur dis qu’ils ont les droits sur une instru ils peuvent mĂȘme reprendre le flow.
C’est comme la version de Djadja de Tory Lanez, y’a aussi une rappeuse allemande, Loredana qui a repris le son en feat avec Aya Nakamura dessus. Les enjeux financiers sont tellement Ă©normes… C’est devenu comme aux Etats-Unis. Mais tant mieux, j’suis content que ça s’exporte. J’aime tout en plus, Ă  l’époque je faisais que du Boom Bap parce que j’aimais ça et lĂ  j’ai rĂ©ussi Ă  dĂ©velopper des trucs plus intĂ©ressants.

7C : Parce que toi le Boom Bap Ă  l’ancienne, c’était plutĂŽt par facilitĂ© ou parce que tu kiffais ça vraiment ça et tu te posais pas trop de questions ?

L : Non je kiffais ça de ouf, j’ai Ă©coutĂ© ça toute ma jeunesse, tu vois. Mais aprĂšs voilĂ  les gens s’ils veulent du Boom Bap de moi, ils ont de quoi Ă©couter, tu vois.

7C : Ouais, d’ailleurs ça m’a fait bizarre parce que j’avais vu une interview de toi qui disait que Machine Ă  Ă©crire c’était ton premier projet mais c’était plutĂŽt le premier album, non ? Parce que y’avait eu Premier G aussi non ?

L : Ouais y’avait Premier G mais Machine Ă  Ă©crire c’était mon premier vrai projet pour moi parce qu’on le vendait. Mais bien vu, tu t’es bien renseignĂ© putain, ça fait plaisir.

7C : On va revenir sur la Salle du temps du coup : y’a aussi une collab’ qui n’est pas musicale, c’est avec Matthieu Longatte de Bonjour Tristesse. Du coup y’a des gens dans les commentaires qui disaient que c’Ă©tait une surprise mais pas tant que ça vu que tu l’avais dĂ©jĂ  samplĂ© dans un son avec Mani Deiz. Au final, c’est assez naturel car vous aimez vos travaux respectifs, non ?

L : Ouais, puis il sera aussi prĂ©sent sur Ma Noirceur 2, il a fait un truc cool qui sortira sur l’album bientĂŽt. Petite exclu, vous pourrez le mettre en gros et en gras. *rires* Non c’est un bĂȘte de gars, j’aime son cĂŽtĂ© politisĂ© et intelligent. J’aime aussi le fait que ce soit un prolo qui « dĂ©fie l’autoritĂ© ». Y’a pleins de trucs que j’aime chez lui puis c’est un mec super, intelligent, gentil, humainement, c’est un tueur. On a collaborĂ© et on collaborera encore, avec plaisir.

7C : Sur le projet d’avant y’avait aussi la collab’ avec Furax alors j’ suis obligĂ© de te demander : Il quand sortira l’EP commun entre vous deux ?

L : Ah, on va voir, c’est en cours. En ce moment j’suis hyper occupĂ©; et lui aussi. Mais on a dĂ©jĂ  des trucs dans le four donc on verra bien. Avec Jeff Le Nerf aussi, j’ai plein de trucs enregistrĂ©s aussi, mais vu qu’il a arrĂȘtĂ© le rap, il m’a dit de les sortir. Mais je sais pas… c’est bizarre de sortir un EP avec un mec qui rappe plus, ça fait forceur. En tout cas, avec Furax, on a fait des trucs cool mais je t’avoue, je suis tellement concentrĂ© sur l’album et sur la suite, le projet 34Ăšme degrĂ© qui arrive avec mon Ă©quipe. Y’a vraiment plein de trucs qui arrivent, j’pense que ça va ĂȘtre cool.

7C : Ouais puis j’trouve personnellement que t’es un peu dans ta meilleure Ă©poque. T’as des annĂ©es de Rap derriĂšre toi, tu maĂźtrises de mieux en mieux ta musique et tes instrus et aujourd’hui, y’a plus vraiment besoin des radios pour exister…

L : Ouais c’est ça, on peut faire les choses bien avec Internet mais moi, ça va, Mouv’ me passe en playlist, Skyrock j’suis dĂ©jĂ  passĂ© deux fois, GĂ©nĂ©ration aussi, j’sais que j’ai des portes qui commencent Ă  s’ouvrir. Je sais que tout est encore jouable. Tu connais le jeu, tu sais comme ça fonctionne avec les attachĂ©s de presse et tout. C’est logique c’est l’jeu.

7C : Mais tu sens quand mĂȘme qu’il y a un changement pour toi ?

L : Je sais que les gens me disent beaucoup plus que j’ai percĂ© en tout cas. *rires*

7C : T’as dĂ©jĂ  des dĂ©tracteurs qui disent que c’était mieux avant ?

L : En vrai, sur ce projet je pensais qu’il y allait avoir beaucoup plus de puristes qui allaient me reprocher l’autotune. Depuis Les preuves du Temps, j’ai l’impression d’avoir un peu habituĂ© les gens tu vois. J’ai eu de la chance les gens l’ont bien reçu. Mais sur Daymolition les gens qui commentent, ils sont Ă©nervĂ©s, ils mettent des commentaires salĂ©s mais vas-y, moi j’ai eu de la chance.

7C : T’as travaillĂ© avec plein de beatmakers, Nizi, Mani DeĂŻz, Dj Rolxx et pleins d’autres. J’vais pas te demander de les classer mais avec lequel t’as eu la meilleure alchimie ?

L : J’pense que c’est Loko il m’a amenĂ© vers des trucs que j’aurai jamais fait seul et que j’apprĂ©cie vraiment. Des fois j’me dis « Putain j’savais pas je pouvais faire ça Â». Donc j’pense que la meilleure alchimie ce serait avec Loko au studio, au niveau goĂ»t des prods y’aurait Nizi et celui Ă  qui je dois beaucoup niveau Ă©volution c’est aussi Mani DeĂŻz.

7C : Et la prod qu’il a fait sur le morceau La GalĂšre sur 42 Grammes, incroyable. C’est d’ailleurs un de nos morceaux prĂ©fĂ©rĂ©s.

L : Merci, Ă§a tue. Je lui dirai de votre part. C’est un morceau que les gens aiment. Quand je le fais en concert, les gens font des pogos alors qu’il est tout doux mais y’a une bonne Ă©nergie et tout le monde l’a connu au moins une fois dans sa vie donc ça touche beaucoup de gens. C’est des thĂšmes universels. 

7C : Ce qui est cool, c’est que la prod est deep et dans les paroles, ça tape, c’est comme quand tu dis “dans l’frigo y a rien Ă  graille Ă  part les sauces du Do Mac”, c’est ultra visuel et je pense que les gens, ça les a touchĂ©.

L : “J’rallume mon cul d’pet sur les plaques chauffantes” (extrait du morceau en question, ndlr), c’est du vĂ©cu. LĂ , le rap ça paye mais j’étais dans la rue, comme pleins de gens. AprĂšs j’apprĂ©cie beaucoup le fait que ça fonctionne. J’vais pas t’mentir, lĂ  j’suis en Corse, devant une piscine dans un bel hĂŽtel. C’est aussi parce que j’suis un acharnĂ©, ça y joue. Y’a des gens en trois ans, ils sortent trois projets; moi j’en sors six
 (ou sept).

7C : C’est pas trop dur d’ailleurs cette surproductivitĂ© ? 

L: Non *rires* si tu savais tout ce que j’ai pas sorti et ce qu’il y a dans les machines. J’suis un genre de Jul du Boom Bap. A l’époque, je faisais quasi un son tous les jours. Pour l’album, on a presque 45 sons. 

7C : Du coup, Le fait de t’enfermer pour faire huit sons c’était facile du coup ? 

L : Ah, je sais pas hein, ça te met dans une ambiance directe de taff Ă  te dire “bon lĂ  j’ai 5 jours pour faire ça” et que tout doit ĂȘtre carrĂ©, t’es obligĂ© en fait. Alors que si tu te dis “ouais lĂ  dans deux semaines, il faut faire 5 sons bah peut-ĂȘtre que tu vas les faire au dernier moment. LĂ , tu te dis, on a cinq jours, on arrache tout pendant cinq jours et on voit ce que ça donne. On a rĂ©ussi Ă  faire huit titres au final, donc je suis content.

7C: Parce que t’as rajoutĂ© trois sons bonus, c’étaient des morceaux que tu voulais pas jeter? 

L : Non mĂȘme pas, on les a fait exprĂšs pour. Pour mettre en avant 34Ăšme degrĂ© avec mon Ă©quipe, ça c’est le seul que j’ai posĂ© seul et aprĂšs on a fait poser Ă  la maison les gens sinon le reste a Ă©tĂ© fait Ă  Paris. C’était compliquĂ© de faire venir dix personnes


7C : Surtout qu’il y avait du monde Ă  rassembler, mĂȘme sur les clips. AprĂšs c’est tes potes donc ça va…

L : Ouais, c’est toujours des potos, c’est des gens de Paname. LĂ  le clip de 34Ăšme degrĂ©, il est en montage donc vendredi ou samedi, je l’ai. On va le sortir du Daymolition. et le solo Avec ou Sans, je pense qu’on va le clipper et je le sortirai sur ma chaĂźne Youtube. Et y’a bientĂŽt les PoignĂ©es de Punchlines qui arrivent. 

7C : Tu sais que je t’ai dĂ©couvert y’a genre trois ans grĂące Ă  ça. C’était un Ă©pisode oĂč tu marchais Ă  cĂŽtĂ© du tram. Je crois que c’est la deuxiĂšme…

L : La premiĂšre ou la deuxiĂšme *rires*, la premiĂšre, c’était au mĂȘme endroit en fait, sauf que c’était de nuit. 

7C : C’était mĂȘme en noir et blanc et y’avait mĂȘme une rime « J’fais de la musique intemporelle comme Amadeus ou Vivaldi ».

L :  « J’emmerde haut et fort Eric Zemmour » (rime iconique du morceau, ndlr)

7C : Incroyable phase.

L: En concert, il la chante tous les gens et toute la salle connaĂźt cette phrase, c’est incroyable. 

7C : Est-ce que c’est pas la meilleure phase de ta carriĂšre ? 

L : Moi, je l’aime bien. 

7C : Y’a aussi une autre phase sur le projet qui est aussi ultra visuelle et qui est une belle rĂ©fĂ©rence c’est le “MalgrĂ© tous les coups je vais m’en sortir, j’suis comme Tony dans la baignoire”. 

L : Ouais, y’a beaucoup de gens qui m’ont de gens qui m’ont envoyĂ© un message en m’parlant de cette phase. Tu vois, Tony dans la baignoire, tu te dis “il va caner”. C’est Ă  la fin du film.

7C : Ouais! Il est complĂštement dĂ©chirĂ©, “J’ai besoin de personne”. 

L : Je trouve ça fou et surtout, il garde ses couilles, c’est surtout ça qui est important dans l’image, mĂȘme s’il est Ă  deux doigts de caner, il garde ses couilles et ça, c’est incroyable. 

7C : C’est comme DBZ, tu t’es butĂ© Ă  Scarface ou c’était juste un film que t’aimes bien ? 

L : Tous les mecs de ma gĂ©nĂ©ration et un peu de quartier; ils ont kiffĂ© Scarface. Ça nous a matrixĂ© le cerveau. On a cru qu’on allait ĂȘtre Scarface, comme des cons. 

7C : Ouais puis mĂȘme dans d’autres films, ça a Ă©tĂ© repris, je pense Ă  La Haine et tout, tu pouvais pas le rater


L : Ouais, c’est un incontournable. Y’a pleins de trucs comme ça dans la culture AmĂ©ricaine. Puis y’a aussi le cĂŽtĂ© immigration, le fait que les gens se reconnaissent dans Tony Montana, c’est un immigrĂ©, il arrive aux États-Unis, presque on le vire puis il demande l’asile politique etc


7C : Et surtout, y’a un glow up, il part de rien et il arrive Ă  tout, mĂȘme s’il se brĂ»le Ă  la fin. Y’a vraiment ce truc “Je m’en bats les couilles des consĂ©quences, je le fais”.

L : Ouais, le Self-Made Man, il a tout fait lui-mĂȘme. Puis, De Palma a bien mis ça en image, tout est fou. Le film est fou, du dĂ©but Ă  la fin. Quand je regarde Scarface, je lĂąche pas du dĂ©but Ă  la fin. C’est comme le Parrain 2, c’est le meilleur film de tous les temps, pour moi. 

Pour continuer d’Ă©couter Lacraps parler de CinĂ©ma et notamment du Parrain 4, cliquez juste ici : 

 7C : Bah dis-toi que la derniĂšre fois, on sortait du cinĂ©ma avec un pote et on s’est dits “Pourquoi y’a pas encore eu de gros films sur des groupes dans le rap Français?” genre y’en a eu quelques petits films mais y’a tellement d’histoires que ça ferait des bĂȘtes de films.  

L : Pourquoi y’a pas un film sur Lacraps ? 

7C : Fais-le, appelle Netflix, y’a un billet Ă  prendre. 

L : AprĂšs l’interview, je les appelle. 

7c : Tant qu’on apparaĂźt dans les crĂ©dits *rires* AprĂšs, on rigole mais regarde, Sopico va apparaĂźtre dans une sĂ©rie Netflix qui va arriver donc rien n’est impossible. 

L : Ouais et il avait aussi fait la B.O de Cannabis (mini-sĂ©rie d’Arte, ndlr.) donc tout est possible. Personnellement, j’suis toujours un peu frileux de sortir du rap. Le rap, je sais le faire donc je serai plus dans la production d’artistes  dans le futur, plutĂŽt que de me dire “je veux faire du cinĂ© ou des trucs comme ça”. Moi, la fame, je m’en bats les couilles , c’est pour ça que je suis toujours en casquette-lunettes. 

7C : Ali Polva, il disait que c’est parce que tu louchais quand mĂȘme..

L : *rires* Ah l’gamin. Je ne louche pas, ma femme peut en tĂ©moigner. *rires nerveux* En vrai, c’est juste que j’aime bien le cĂŽtĂ© tranquille et pas forcĂ©ment ĂȘtre toujours reconnu pour ĂȘtre reconnu. Mais les gens, ils me reconnaissent mĂȘme comme ça, frĂšre, c’est des oufs. 

7C : Tout Ă  l’heure, on parlait de Jul mais pour lui, c’est une galĂšre le mec que tout le monde reconnaĂźt. 

L : J’suis pas comparable Ă  Jul, ma gueule. Jul, c’est un Hitmaker, moi les hits que je fais, c’est des hits “d’indĂ©s”; ils font un million en un an. Lui, il fait un million en dix minutes, frĂ©rot. C’est incroyable, il est trĂšs fort, trĂšs humble, trĂšs gentil.  Rien Ă  dire sur Jul, grosse force Ă  Jujujul. 

7C : Tu l’as dĂ©jĂ  croisĂ© ? 

L : Je l’ai dĂ©jĂ  croisĂ© Ă  Musicast (gros label de distribution, ndlr), il est trĂšs sympa et il savait qui j’étais, ça m’a surpris parce qu’il Ă©coute tous les raps, il Ă©coute tout.  

7C : Y’a pleins de rappeurs comme ça, y’avait une interview de Soprano, tu peux te dire “ouais, il est plus trop dans le rap” et en fait, il Ă©coute encore tout ce qui sort. 

L : Mais oui, Soprano, c’est un vrai passionnĂ©, Jul, c’est pareil, les mecs comme ça, mĂȘme Alonzo, c’est un mec cool, il regarde tout, il Ă©coute tout. Moi, par exemple, je sais qu’il y a beaucoup de rappeurs qui m’écoutent.  Je crois qu’il y a plus de rappeurs que de public, ma gueule. *rires*
J’en ai pris conscience avec le temps en Ă©coutant les autres mais ces derniers temps, je simplifie. Le fait d’ĂȘtre hyper technique, ça te met des barriĂšres. J’ai envie que ma musique soit simple Ă  Ă©couter sans que ce soit de la merde. J’ai pas envie de faire des sons oĂč je dis des conneries juste pour vendre. Je pourrai pas, je pense pas que je pourrai me regarder dans une glace en me disant que c’est pas “moi”. 

7C : AprĂšs faut assumer…  

L : Ouais, voilĂ , assumer le truc, c’est dur. C’est mĂȘme ça le plus dur, je pense. Quand je sors des sons, c’est que je les assume : tout ce que je dis dedans, le contenu, le contenant, la forme. Puis j’ai une fiertĂ©, quand je sors un projet, c’est comme un gosse. je viens d’accoucher quand je sors un projet. 

7C : Putain, t’as fait tellement d’accouchements...

L : Bah ouais, comme disait Mysa,”Quand j’lĂąche un morceau, c’est comme un accouchement”. C’est une assez belle image car c’est beaucoup de choses de toi car mon rap est trĂšs introspectif. Y’en a ils racontent juste la street, dans mes anciens projets je parlais beaucoup de moi. Et je vais continuer dans l’album qui arrive. C’est peut-ĂȘtre le plus intime, dedans y’aura des chansons “d’amour” et c’est un truc dont j’ai jamais parlĂ©. Y’a pleins de sujets que j’ai jamais abordĂ©s. J’pense que ce sera le plus complet, le plus intĂ©ressant des projets pour les auditeurs qui me suivent. Et j’espĂšre qu’un grand nombre d’auditeurs vont me dĂ©couvrir avec ce projet car on va essayer de faire un truc un peu plus
 mainstream c’est pas le mot
   

7C : Accessible ? 

L : Exactement.

7C : Parce que toi quand tu commences un projet, tu te demandes jamais “Merde.. De quoi je vais pouvoir parler?” 

 L : Non, il suffit que j’écoute l’instru voire mĂȘme sans instru, j’écris. Tout Ă  l’heure, j’étais dans l’avion, j’écrivais. Parfois devant la tĂ©lĂ©, j’écris. Je saurai toujours quoi dire, des fois il faut essayer d’attaquer ça sous d’autre angles. Parce que des sons pour dire “ouais, la rue c’est la merde” y’en a eu pleins. Mais quand c’est Le Rat Luciano qui le dit, ça raisonne encore. 

7C : Ce qui change tout, c’est aussi la maniùre dont tu le dis.

L : LIM, il a rappĂ© la rue toute sa vie et pourtant je l’ai Ă©coutĂ© toute ma vie. Il disait toujours les mĂȘmes choses, des fois il faisait les mĂȘmes rimes. Mais ce qui fait tout, c’est son interprĂ©tation et tout, c’est plein de trucs un artiste. C’est pas juste ce qui dit, LIM, des fois quand il rappe, on dirait qu’il te gronde. 

7C : Et la voix! *piĂštre imitation d’à neuf ans dĂ©jĂ *

L : *rires* A neuf ans dĂ©jĂ , c’est incroyable. Tout cet album de Mo’vez Lang (HĂ©ritiers de la rue, ndlr), il est incroyable t’façon, laisse tomber. Je l’ai vu LIM y’a pas longtemps Ă  Marseille, d’ailleurs. Il m’a dit “Gros, fĂ©licitations, c’est bien ce que tu fais”, j’étais content. C’est comme Le Rat Luciano, quand j’suis sorti de scĂšne, il m’a serrĂ© dans ses bras, frĂ©rot. T’imagine ou pas ?

7C : Ça fait ultra plaisir quand c’est des gens que t’écoutes depuis tout petit. 

L : J’ai fait une photo avec lui, la photo elle est floue, mec. Quel dĂ©goĂ»t. 

7C : C’est pas grave, l’essentiel, c’était le moment. 

L : Ouais mais j’aurais bien aimĂ© le partager avec mes auditeurs. Et la photo que j’ai oĂč on pose tous les deux, c’est mon collĂšgue qui l’a prise, elle est toute floue


7C : Tu l’as insultĂ© ? 

L : Je l’ai insultĂ© fort, je l’insulte encore, lĂ . *rires*

7C : J’avais une derniĂšre question : Si tu te revoyais Ă  l’époque de Premier G, tu dirais quoi au Lacraps de 2013 ?

L : T’es nul. *rires* Va falloir charbonner. Je dis ça mais y’a un son avec un refrain autotunĂ©, hyper lent, presque cloud. J’étais en avance de fou
 Sur un son. 

7C : On retiendra ça alors. *rire* Merci Ă  toi pour cette interview c’Ă©tait vraiment intĂ©ressant et force Ă  toi pour ce projet et l’album sur lequel tu bosses.