0
Usky – Porte Dorée (Saison 1)

Usky – Porte Dorée (Saison 1)

Usky est un artiste Parisien venant de la Porte Dorée comme il aime tant le rappeler. C’est compliqué parce que le Us’ n’est pas simplement un rappeur. Autant chez un gars comme Hamza on retrouve pas mal de vibes R’n’B, chez Usky la frontière entre Rap et R’n’B est très fine. On ne sait pas si c’est un rappeur qui fait du R’n’B ou si c’est l’inverse… Quoiqu’il en soit cette ambivalence à la fois troublante et intéressante est sans nul doute sa patte artistique et c’est très efficace.

On va ici parler de son projet Porte Dorée (Saison 1) qui comptabilise 13 titres et 3 featuring dont nous reparlerons plus tard.

J’ai mis pas mal de temps à entrer dans ce projet, j’avais préalablement beaucoup aimé Mojo son premier projet. Avec des morceaux vraiment forts comme Husky, Namasté ou encore Bourgeois Nouveau on était beaucoup plus proche d’un rap bien marqué. Et encore je dois avouer que c’est dur d’affirmer que les sons de Mojo correspondent à du Rap pur et dur tant l’univers qu’il proposait en 2016 était déjà pas mal en marge de ce qui pouvait se faire. Cependant voilà ça restait du Rap et cette frontière avec le R’n’B dont j’ai parlé plutôt se faisait moins ressentir.

Entre Mojo et Porte Dorée (Saison 1) on a eu le droit à Outsider, un 7 titres qui lui pour le coup marquait un vrai virage artistique, je pense au morceau Night Rider ou encore à Boulevard qui sur des prods tout de suite plus rapide entraînaient l’artiste sur un terrain R’n’B plus assumé. Par moment on peut avoir du mal à discerner l’aspect Rap de sa musique mais sur Nirvana et Nox on parvient tout de même à retrouver ce qui faisait sa véritable force sur Mojo ; un Rap qu’on pourrait qualifier d’alternatif tant l’univers musical dénote avec ce qu’on a l’habitude d’entendre actuellement.

Et Porte Dorée (Saison 1) alors ?

Il faut déjà savoir que le « Saison 1 » est présent car en 2018 il avait annoncé sortir 3 projets du même nom. La Porte Dorée c’est de là que vient Usky et cela semblait annoncer 3 projets probablement plus personnels dans lequel le Us’ nous place dans son environnement afin de découvrir l’artiste qu’il est. Reste à voir si ces suites sortiront maintenant en 2019.

On commence donc avec le morceau Saori dans lequel l’artiste revient avec un premier morceau assez rappé, très mélodieux. Le piano à la prod et les bruitages rappelant fortement la technique de Déplacement Instantané de Goku l’amènent à se confier puis lorsque le BPM s’accélère ses regrets et ses déceptions viennent prendre toute la place sur l’instru. On croit comprendre que les conditions de productions autour de ses anciens projets n’étaient probablement pas optimales. Il le dit lui-même d’ailleurs :

Ces bâtards m’ont volé Mojo.

Saori – Usky

Le titre de morceau semble tout droit venir de Saint Seiya et du personnage de Saori Kido, n’étant pas un adepte de l’œuvre je ne peux pousser la comparaison mais le personnage semble avoir la capacité de guider certains autres personnages. On peut y voir le rapprochement avec Usky qui possède ce pseudo en raison de ses yeux bleus certes mais aussi par rapport à son côté fédérateur, le chien de traineau. Ce qui fera d’ailleurs l’objet d’une autre référence dans le morceau avec la phase suivante : 

L’appel de la forêt Jack London

Saori – Usky

Au-delà de ça Saori est également une figure de la réincarnation de la déesse Athéna, déesse de la sagesse et de la guerre entre autres choses. Il dit qu’il souhaite mourir pour Saori et plaire à Saori. Comme s’il cherchait à plaire à Athéna donc et que malgré ses regrets, ses déceptions il souhaitait rester sage pour pouvoir attirer ainsi le regard de la déesse.

Sur le morceau suivant, Pour ça on commence à apercevoir l’aspect R’n’B de sa musique qui revient peu à peu mais cette fois mêlé à une musicalité très orienté vers de la musique club. On a ici affaire à un morceau où plusieurs ambiances se complètent et s’ajoutent à la thématique du temps qu’il a à consacrer à certains détails de sa vie. Cela est mit en comparaison avec le besoin et le devoir qu’il a de réussir pour sa mère entre autres qui est d’ailleurs un des fils conducteurs de ce projet.

Il est interessant de voir que la thématique du morceau est lié au concept du temps qui une fois mit en parallèle avec cette prod changeante au niveau du rythme donne l’impression qu’il doit parfois aller plus vite et parfois prendre un peu plus de temps pour faire les choses.

C’est un projet qui parle énormément de femmes et des relations que l’artiste entretient avec elles. Le morceau Katy est une personnification d’une pilule désinhibante et peut rappeler dans l’idée le morceau Molly de Tyga en référence à la MDMA. Mais dans la manière de traiter le morceau il parle d’une femme avec qui il entretient une relation pouvant être dangereuse, cette femme attirée par la guerre et la confrontation pouvant le mettre en difficulté.

Et par la suite la thématique de la femme est traitée de manière encore plus douce et mélodieuse, plus chantée sur le morceau Talons. On retrouve une écriture à la Joke Ateyaba sur des morceaux comme Venus, Jen Selter ou encore French Riviera. Usky décrit tout, décrit sa relation et l’affection qu’il porte à la femme à talons. Mais il y a aussi le morceau Môme, encore une relation avec une femme, cette fois mère d’un enfant, Usky ne se sent pas prêt à assumer ce rôle de beau-père et a également du mal à le dire, il faut le dire, la femme en question lui plaît énormément. Une relation vouée à l’échec donc et on assiste aux hésitations de l’artiste. Un morceau qui joue sur les deux tableaux, Rap et R’n’B, le refrain en anglais aide beaucoup à apporter de la douceur, de la profondeur au titre.

Et si on reparlait un peu de Rap ? Après ce passage R’n’B au sein du projet, le titre Côté nous ramène vers du Rap avec un flow très lent. C’est d’ailleurs ca qui revient aussi pas mal, en effet outre les prods très R’n’B, parfois même éléctro ; on a également le droit à des prods typiquement Rap, parfois même Trap, un BPM très lent sur lequel l’artiste montre ce dont il est capable. Mais justement, l’empreinte du R’n’B qu’on retrouve si souvent tout au long du projet va même se ressentir sur les morceaux plus rappés. Mais ça permet aussi de respirer. C’est là la force d’une telle ambivalence d’univers musicaux, on a véritablement plusieurs ambiance avec lesquelles on va pouvoir jongler selon notre état d’esprit.

Jimi Hendrix est véritablement un gros coups de cœur de ce projet, on assiste cette fois à un morceau très lent, très chill on écoute le Us’ nous dire qu’il est un génie incompris comme Jimi Hendrix et qu’il s’en tape du Wu Tang, c’est assumé et musicalement c’est très perturbant. On se retrouve au milieu d’un lac, à la dérive, baladé entre le Rap, le R’n’B et l’éléctro que Usky nous propose. Déroutant donc mais agréable à écouter un cigare en bouche tout en regardant les étoiles dans le ciel.

Parlons maintenant des featuring, celui avec NOV arrive très rapidement et on se trouve véritablement dans un univers R’n’B bien marqué, la connexion semble alors totalement évidente et Usky évolue dans son environnement.

On a aussi droit au très bon Téma le Boss avec Lord Esperanza, je ne m’y attendais pas quand j’étais tombé sur le morceau sur YouTube mais ca marche bien, on a du Rap, de la Dubstep, quelque chose qui fait mal aux oreilles avec des paroles bien égotrip, c’est efficace. Lord n’est pas transcendant mais j’ai tendance à le trouver mieux que sur pas mal de ses morceaux, il est véritablement fait pour lui et Usky est efficace à souhait.  

J’ai passé quelques morceau, notamment Patio qui me fait énormément penser à Kekra et je ne peux d’ailleurs m’empêcher de penser qu’un featuring des deux artistes serait intéressant. On a aussi eu le droit au très éléctronique Puff Daddy et surtout au décevant Agathe Auproux. Je trouve que ce morceau est la fausse note du projet ; s’il en fallait une, un morceau que j’ai rapidement retiré de mon téléphone lorsque j’avais écouté le projet pour la première fois.

On a donc ici affaire à un bon projet qui mêle plusieurs ambiance comme je l’ai dis. Ca marche car on sent que ce n’est pas forcé et qu’il ne s’agit pas d’une tentative de faire des tube R’n’B mais bel et bien de produire quelque chose dans un univers qui parle à l’artiste. Je le conseille donc fortement, vous en trouverez pour toutes les occasions.

On attend impatiemment la Saison 2 pour voir comment Usky évoluera dans sa manière d’aborder la musique, et dans quelle direction il se dirigera.